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vendredi 29 mars 2024

Belgique : Cinq ans après, le pays se souvient des 32 morts des attentats terroristes

«Aline, Patricia, Léopold, Gilles, Johanna, Loubna…». Un hommage national a été rendu hier aux 32 morts des attentats terroristes du 22 mars 2016 à Bruxelles, lors de cérémonies en petit comité organisées sur les lieux des attaques, à l’aéroport de Zaventem et dans une station de métro du quartier européen.

Par Mourad M.

Peu après 09h00 (08hH00 GMT), le roi des Belges Philippe et la reine Mathilde, tous deux en manteau noir, se sont recueillis devant une fresque à la mémoire des victimes à la station Maelbeek (16 morts), après avoir assisté à la lecture de leurs prénoms.
Accompagnés du Premier ministre Alexander De Croo et de son épouse, ils ont pu s’entretenir avec quelques proches de victimes, selon des images retransmises en direct. Une minute de silence a été observée, comme à l’aéroport lors d’un hommage similaire une heure plus tôt, pour les seize autres morts, au moment précis où les explosions se sont produites il y a cinq ans.
Ce matin-là, la Belgique, pays de 11,5 millions d’habitants, est touchée en plein cœur comme l’a été la France quelques mois auparavant. La date du 22 mars 2016 reste gravée dans les mémoires comme celle des pires attaques subies par le pays depuis la Seconde Guerre mondiale.
Revendiquées par l’organisation État islamique (EI), ces attaques perpétrées par trois kamikazes ont fait également plus de 340 blessés
Quatre jours plus tôt, Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos ayant frappé Paris le 13 novembre 2015 (130 morts), a été arrêté à Bruxelles après quatre mois de cavale. Selon les enquêteurs, son interpellation a vraisemblablement accéléré le passage à l’acte des autres membres de cette cellule jihadiste repliés en Belgique, qui se sentaient traqués par la police.
L’hommage national, qui associe les associations de victimes Life4Brussels et V-Europe, est prévu en deux temps. Discours et témoignages de familles étaient attendus à 12h15 dans le quartier européen, là où a été érigé un monument dédié aux victimes d’actes terroristes.
Cet anniversaire intervient sur fond de critiques en raison des lenteurs de l’administration et des assurances pour prendre en charge les préjudices des attaques.
«Il m’a fallu près de 5 ans pour obtenir une indemnisation pour la perte de mon conjoint. Mon fils ne l’a toujours pas reçue», raconte à l’AFP Charlotte Dixon-Sutcliffe, dont le mari, un expatrié britannique à Bruxelles, compte parmi les seize morts du métro Maelbeek.
De son côté, Life4Brussels a déploré l’abandon par le gouvernement belge d’un projet de «fonds de garantie», sur le modèle français, qui aurait permis aux victimes de percevoir une aide forfaitaire de l’État, à charge ensuite à ce dernier de se tourner vers les assureurs pour récupérer l’argent.
En Belgique, les dossiers sont traités au cas par cas, «on laisse les victimes s’adresser elles-mêmes à une multitude d’organismes publics ou privés», regrette l’association. «L’État n’a pas compris que certaines se découragent et perdent leurs droits».
Me Nic Reynaert, qui voyageait dans la rame ciblée par le kamikaze du métro, a assigné ce mois-ci en justice l’État et un assureur pour «erreurs et négligences». Il souffre de lésions neurologiques, selon lui mal diagnostiquées.
Dans sa plainte, l’avocat assure n’avoir «jamais» reçu les informations des experts médicaux sur toutes les séquelles possibles d’une explosion en milieu confiné. «Les symptômes physiques du SPT (syndrome post-traumatique) ont été rejetés comme étant purement psychologiques», écrit-il.
D’autres blessés ont témoigné de difficultés similaires pour faire reconnaître une incapacité de travail, qui dans certains cas a resurgi des mois après les attentats.
Dans la procédure judiciaire, sous l’autorité du parquet fédéral (compétent en matière de terrorisme), 720 parties civiles ont déjà été recensées, ce qui laisse entrevoir le plus grand procès de l’histoire du pays.
Début janvier, dix suspects ont été renvoyés en cour d’assises pour «assassinats commis dans un contexte terroriste». L’ordonnance doit encore être confirmée par la cour d’appel. Le procès pourrait se tenir à partir de septembre 2022 à Bruxelles.
Parmi les principaux accusés figurent, outre Salah Abdeslam, deux hommes qui accompagnaient les trois kamikazes morts le 22 mars. Il s’agit de Mohamed Abrini, «l’homme au chapeau», qui a renoncé à se faire exploser à l’aéroport, et Osama Krayem, qui, lui, a rebroussé chemin après être entré dans le métro.
M. M.

 

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