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mercredi 29 mars 2023

Bélarus: L’opposition demande encore plus de pressions contre le régime

L’opposition bélarusse a appelé hier, au lendemain de sanctions européennes, les États-Unis et le G7 à augmenter la pression sur le régime d’Alexandre Loukachenko, accusé d’avoir détourné un avion pour arrêter un opposant qui voyageait à bord.

Par Mourad M.

L’Union européenne a décidé lundi soir de fermer l’espace aérien du bloc au Bélarus, République ex-soviétique frontalière de l’UE, et d’adopter un nouveau train de sanctions contre des hauts responsables et des entités d’État.
Après un entretien avec le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, la cheffe de l’opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a appelé sur Twitter «les États-Unis à isoler le régime et à faire pression avec des sanctions».
La candidate à la présidentielle d’août 2020, forcée de se réfugier en Lituanie l’été passé, a aussi réclamé, dans un message publié sur Telegram, «la participation des forces démocratiques bélarusses au G7» prévu du 11 au 13 juin au Royaume-Uni.
Elle a également appelé de ses vœux la tenue cet été d’«une conférence internationale de haut niveau pour résoudre la crise au Bélarus».
Le président bélarusse, Alexandre Loukachenko, devait s’exprimer sur cette crise hier, selon une chaîne Telegram considérée comme un canal nonofficiel de la Présidence.
Les autorités bélarusses sont accusées d’avoir derouté un vol commercial Athènes-Vilnius vers Minsk, à cause d’une prétendue alerte à la bombe afin de pouvoir arrêter Roman Protassevitch, un journaliste d’opposition âgé de 26 ans qui était à bord. Sa compagne, Sofia Sapéga, une ressortissante russe, a également été arrêtée.
La chancelière allemande Angela Merkel a jugé la version bélarusse, faisant état d’une menace de bombe attribuée au Hamas palestinien, d’«absolument pas crédible».
Le jeune homme est un ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition «Nexta», qui avait aidé la mobilisation en masse des Bélarusses lors de la contestation de 2020. Son pays l’accuse d’être «impliqué dans des activités terroristes».
La télévision bélarusse a diffusé lundi soir une vidéo du jeune homme, filmée selon cette source dans une prison de Minsk, dans laquelle il avoue avoir organisé des «troubles» dans le pays.
Les autorités bélarusses ont l’habitude de diffuser des confessions de détracteurs du régime filmées sous la contrainte. Mme Tikhanovskaïa en a elle-même été victime avant sa fuite vers Vilnius l’été dernier.
Selon elle, «il n’y a aucun doute que Roman est la victime de tortures dans le donjon de la prison». Le père de l’opposant, joint par l’AFP, est également persuadé que son fils, qui apparaît nerveux dans les images, a été battu. «Il est clair qu’on lui a physiquement fait du mal, on peut voir des traces de coups sur le visage», a estimé Dmitri Protassevitch, qui vit en Pologne.
«Il parle de manière inhabituelle pour lui, il ne parlerait pas comme ça. Ce ne sont pas ses mots, il est clair qu’il lisait ce qu’on lui avait dit de lire», poursuit-il.
Moscou, allié stratégique de M. Loukachenko, a apporté son soutien à Minsk, estimant que depuis le début de la crise, l’approche bélarusse est «tout à fait raisonnable», selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Il a en revanche demandé un accès consulaire à la petite amie de l’opposant, arrêtée avec lui.
Mais les sanctions décidées par l’UE ont eu leurs premiers effets.
D’importantes compagnies aériennes, comme Air France, Singapore Airlines ou Lufthansa ont annoncé qu’elles éviteront les cieux bélarusses, une recommandation de l’UE. Près de 2 000 appareils effectuant des vols commerciaux empruntent chaque semaine l’espace aérien du Bélarus, a précisé l’organisation Eurocontrol. L’aéroport de Minsk était devenu ces dernières années un centre régional très utilisé par les ressortissants ukrainiens, géorgiens ou baltes, notamment car l’Ukraine et la Géorgie, du fait de leur conflit avec Moscou, n’ont pas de liaison directe avec la Russie.
Le régime d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, est déjà ciblé par de multiples sanctions occidentales pour avoir durement réprimé un mouvement de contestation inédit qui a vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans les rues en 2020 suite à la présidentielle d’août, jugée «truquée» par les Européens.
Les mesures de l’UE visent déjà 88 hauts responsables, dont le président, et sept entités.
Le régime bélarusse n’a cependant fait qu’accroître la répression, emprisonnant ou forçant à l’exil ses détracteurs.
Hier encore, sept opposants dont le chef d’un parti d’opposition, Pavel Severinets, ont été condamnés à des peines de quatre à sept ans de prison pour leur rôle dans des «troubles massifs», référence au mouvement de contestation de 2020.
M. M.

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