Rarement des élections internes des partis politiques en France se sont déroulées sans accros, et la désignation par vote des militants du nouveau Premier secrétaire socialiste ne manque pas aujourd’hui de créer de nouveaux conflits dans ce mouvement rongé par les dissensions. Sur France 5 mardi soir, le maire de Rouen, le malheureux candidat à l’élection de janvier, a jugé que n’importe quelle élection locale ou nationale organisée dans les «conditions» du Parti socialiste entraînerait des condamnations. Des déclarations qui électrisent encore une situation déjà tendue. Si le PS a officiellement reconnu dimanche la réélection d’Olivier Faure à la tête du parti, son adversaire déchu, Nicolas Mayer-Rossignol, conteste toujours les résultats. Le maire de Rouen persiste à dire que la «fraude» et les «irrégularités» constatées ont mis à mal la sincérité du scrutin. «Je ne demande rien d’autre que la transparence et la démocratie», a ainsi expliqué «NMR» mardi soir sur France 5. Avant d’affirmer que, «si on organisait des scrutins dans ces conditions-là», pour n’importe quelle élection locale ou nationale, «nous serions en prison». Sur Twitter hier matin, Olivier Faure a fustigé cette sortie jugée «inacceptable». «L’accusation dépasse le cadre de la polémique admissible dans le débat politique. Le buzz sur le dos des milliers de militants qui se dévouent sans rien attendre, ça suffit. S’il y a des faits qui relèvent de la prison, il faut saisir la justice. Point», a-t-il lancé. De son côté, Nicolas Mayer-Rossignol a également déploré mardi que la commission de «récolement», organe censé trancher les cas litigieux, «n’ait pas pu conclure ses travaux» malgré ses réunions durant tout le week-end. «Qui a peur de la démocratie ? Nous demandons simplement que toutes les irrégularités soient constatées», a-t-il réclamé. La direction sortante affirme de son côté que toutes les fédérations où des «irrégularités» avaient été constatées ont été étudiées et prises en compte dans les résultats officiels et définitifs. Le maire de Rouen assure enfin ne pas être un mauvais perdant, mais estime qu’il n’est «pas normal» que des résultats officiels et transparents ne soient pas prononcés «au bout de quelques heures» pour un scrutin rassemblant 22 000 votants à peine. «Moi j’ai déjà perdu des élections à quelques voix. En 2015, je perds contre Hervé Morin, sur la région Normandie, à 0,2 % des inscrits. À 20 heures, je suis gagnant, à 23 heures je suis perdant. Dans le quart d’heure, j’ai félicité et salué son élection parce que son résultat était incontestable», rapporte-t-il. En évoquant volontairement un territoire de plus de 3 300 000 habitants, et un corps électoral à peu près équivalent. Soit plus de 135 fois supérieur à celui du PS. La bataille au sein du PS divise depuis juin dernier les pro-Nupes (Nouvelle union populaire et sociale) et ceux qui refusent catégoriquement toute alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon et qui reprochent donc à Olivier Faure d’avoir signé un accord avec La France Insoumise sans en avoir avisé le reste du parti. La bataille n’est pas nouvelle et les anti-Nupes espéraient réussir à reprendre la tête du mouvement et rompre avec l’extrême-gauche, mais la victoire de Faure met à mal leurs projets. Reste à voir combien de temps ce nouveau conflit durera et si au final il ne résultera pas en l’implosion du PS.