Après avoir manqué de se qualifier au second tour de la présidentielle, Mélenchon avait alors réfuté sa défaite et assurait que la réelle victoire serait celle des élections législatives, qui le propulserait Premier ministre. La défaite de la NUPES (Nouvelle Union Populaire et Sociale), coalition d’extrême gauche, avait alors douché les derniers espoirs des Insoumis de diriger le pays. Pourtant aujourd’hui, le dirigeant de La France Insoumise a trouvé une nouvelle martingale. En effet, celui qui n’a pas souhaité se présenter aux élections législatives de juin dernier dans un point de presse improvisé, a promis au gouvernement «la bataille générale» à la rentrée et lance un «compte à rebours» avant la dissolution de l’Assemblée. À ses yeux, «le gouvernement a décidé d’être frontal en s’apprêtant à gouverner à coups de 49.3», sans majorité absolue dans une Assemblée morcelée. Mais comme «les dernières législatives de juin ne sont pas conformes à l’état du pays, la vie politique française est un compte à rebours vers la dissolution de l’Assemblée Nationale et de nouvelles élections». LFI ne veut, par ailleurs, pas se contenter des débats parlementaires. «Mener le combat au Parlement est d’égale importance avec ce que nous faisons hors institutions par les mobilisations. Il faut marcher sur ses deux jambes, Parlement et extérieur», a fait valoir le député et coordinateur du mouvement, Adrien Quatennens, dans une conférence de presse. C’est pourquoi LFI souhaite que la NUPES, qu’elle a impulsée en mai avec le PS, EELV, le PCF et Génération·s, s’approfondisse en dehors de l’hémicycle. Elle a proposé qu’une marche pour réclamer l’augmentation des salaires pour compenser l’inflation soit organisée de concert avec les syndicats en octobre. Les 150 élus de la NUPES restant la «minorité», «pour remporter des victoires, il faut bien mettre la pression par la rue», a remarqué Manuel Bompard. Reste que la bataille parlementaire, première vocation de la NUPES, s’annonce intense à partir d’octobre. «On est l’opposition sans doute la plus bruyante. […] Mais on a fait une contre-proposition de loi de la NUPES. On va continuer de faire le travail sérieusement», a souligné la députée et coordinatrice du programme, Clémence Guetté. La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, a insisté : «Ce qui fait la force de la NUPES, c’est à la fois les 650 mesures en commun, et de ne pas être pareils, sinon cette coalition n’a plus de sens». Chez EELV, le PS et le PCF, qui tiennent au même moment leurs universités d’été, l’heure est à se prémunir des risques d’hégémonie de LFI. Les trois partis se sont montrés sceptiques sur la perspective voulue par les Insoumis de s’allier aux européennes de 2024, notant des divergences sur l’Europe. «Soit l’état d’esprit, c’est d’approfondir la NUPES et on met en avant les convergences, soit c’est prendre tous les exemples où on n’est pas d’accord à 100 %», a prévenu Manuel Bompard. «Mais vous trouverez les mêmes divergences à l’intérieur d’une organisation, et même entre deux personnes !» Reste que la bataille promise au gouvernement sera difficile à mener lorsque des dissensions, souvent importantes, opposent les différentes mouvements composant la NUPES, même si du côté de LFI l’ont tente de cacher les désaccords autant que faire se peut et que l’on continue à rouler des mécaniques, malgré les défaites aux présidentielles et aux législatives.