17.9 C
Alger
lundi 5 juin 2023

Barrière

Après que les premières vagues d’immigrations massives, principalement venant de Syrie et d’Afghanistan, aient commencé à surcharger les frontières grecques, la Turquie laissant allégrement les migrants transiter sur son territoire, Athènes avait réclamé des mesures pour protéger son territoire. Mais l’Union européenne s’est montrée peu attentive aux doléances grecques, préférant verser des milliards d’euros à Ankara, qui joue les rétenteurs, et qui empêche surtout une majorité de migrants souhaitant atteindre l’Europe d’atteindre leur but. Mais des centaines de milliers de personnes arrivent toujours à atteindre chaque année les frontières grecques, exerçant une pression difficile à gérer pour les autorités helléniques. Pour lutter contre ce fléau, la Grèce finalisera la construction d’une clôture à la frontière terrestre avec la Turquie, et ce, avec ou sans l’aide financière de l’UE, a déclaré, jeudi, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, au milieu de vives réactions de l’opposition qui l’accuse de racoler les voix de l’extrême droite en vue des élections de mai. «Avec ou sans l’argent européen, la clôture de l’Évros sera achevée», a déclaré le dirigeant conservateur. La Grèce a déjà construit une clôture de 37,5 kilomètres le long de la rivière Évros, à la frontière avec la Turquie, et a décidé de la prolonger de 35 kilomètres. La construction a été financée au niveau national, puisque la Commission européenne a rejeté à plusieurs reprises les demandes d’Athènes d’utiliser des fonds de l’UE. «À la suite de l’intervention grecque, l’Europe a changé d’attitude et reconnaît désormais l’importance accordée au niveau européen à la nécessité de protéger les frontières extérieures», a ajouté Mitsotakis. Lors d’un vote au Parlement européen jeudi, les eurodéputés des Socialistes et Démocrates (S&D), de la Gauche, du parti centriste Renew Europe et des Verts, ont réussi à faire passer un amendement rejetant le financement par l’UE de la construction de clôtures dans l’ensemble de l’Union. L’amendement a également été soutenu par la moitié des législateurs du Parti populaire européen (PPE), la famille politique de Nouvelle Démocratie, le parti de Mitsotakis. Il a été rejeté par certains membres du PPE, l’extrême droite et les conservateurs et réformistes européens (CRE). Le parti au pouvoir, Nouvelle Démocratie, a accusé le principal parti d’opposition, Syriza (la Gauche), de compromettre la sécurité du pays en soutenant un tel amendement. Pour sa part, Syriza a répondu en qualifiant Mitsotakis d’être faussement pro-européen. «Il est amusant que M. Mitsotakis prétende être un européiste et un partisan des politiques européennes, alors qu’il n’a pour alliés que Giorgia Meloni, l’Autriche et l’extrême droite du Parlement Européen», a déclaré une source de Syriza. L’opposition affirme que Mitsotakis tente de récupérer des votes des nationalistes à la lumière de la montée du parti «Les Grecs» dirigé par Ilias Kasidiaris, un ancien député du parti d’extrême-droite Aube dorée qui est maintenant emprisonné. La question de savoir si ce parti sera autorisé à participer aux élections du 21 mai doit encore être tranchée par les tribunaux grecs, mais un sondage publié par MEGA TV jeudi a révélé que le parti entrerait au Parlement puisqu’il obtient 3,8 %, soit plus que le seuil de 3 %. Reste à voir si cette barrière anti-immigration clandestine, que de plus en plus de pays ont décidé d’adopter, sera efficace, si sur le long terme cela aura un effet dissuasif sur les migrants essayant d’atteindre l’Europe par voie terrestre ou si l’ingéniosité des passeurs aura raison des dispositions prises par les pays submergés qui devront une fois encore trouver de nouvelles méthodes pour tarir le flux humain qui les envahit massivement depuis 2015.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img