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dimanche 28 mai 2023

Barrage

Après le front républicain contre le Front National, puis le Rassemblement National, qui pousse depuis des décennies en France les électeurs à voter coûte que coûte pour faire échouer le parti fondé par Jean-Marie Le Pen à toutes les élections, il semblerait qu’un nouveau barrage soit en train de se constituer, cette fois-ci contre la Nupes, la coalition de gauche formée à l’occasion des élections législatives de 2022. C’est en tout cas ce que considère Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac entre 2002 et 2005 estime dans un tweet que «le rejet de la Nupes» lors du second tour de l’élection législative partielle en Ariège au début du mois d’avril «est en grande partie un rejet de l’extrémisme». Une analyse qui ne passe pas inaperçue et a été vivement critiquée par plusieurs députés de gauche. «Législatives : il semble bien qu’un front républicain anti Nupes est en cours de constitution…», a écrit l’ancien Premier ministre, alors que la Nupes/LFI Bénédicte Taurine a été battue largement par la dissidente socialiste Martine Froger. «Vous en êtes là ? Vous devez vraiment être désespérés pour oser affirmer que LFI, le PS, EELV et le PC ne sont pas républicains», lui a répondu le député Insoumis Aymeric Caron. «Vous devriez manier l’expression ‘’front républicain’’ avec plus de mesure», a abondé son collègue Génération.s Benjamin Lucas. Jean-Pierre Raffarin, désormais membre d’Horizons, le parti d’Édouard Philippe, a été nommé Premier ministre par Jacques Chirac après l’élection présidentielle de 2002, un scrutin où l’expression «front républicain» a pris tout son sens quand 82 % des électeurs ont voté pour le président de la République sortant et contre Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national. Depuis, d’année en année, la stratégie du «front républicain», qui consiste au rassemblement (ou le désistement) de plusieurs partis au profit du mieux placé face à l’extrême droite, a semblé refluer. Notamment quand l’UMP (Les Républicains) a décidé de choisir le «ni-ni» (ni PS, ni FN) lors des élections départementales de 2015. En 2022, «l’effondrement du front républicain» a été l’une des causes de l’arrivée à l’Assemblée Nationale de 88 députés du Rassemblement National, un record depuis le début de la 5e République. Plus tard, Jean-Pierre Raffarin a tweeté une nouvelle fois, affirmant que «le rejet de la NUPES est en grande partie un rejet de l’extrémisme, de gauche comme de droite». Néanmoins, les cris d’orfraie semblent aujourd’hui un peu excessifs et surjoués, La France Insoumise étant considérée depuis un moment déjà comme un mouvement à la dérive tout aussi dangereux que l’extrême-droite. Reste à voir si les électeurs, eux, suivront cette tendance et seront prêts à faire barrage à l’alliance de gauche après avoir dû faire pendant des années barrage au FN/RN. Un barrage peu efficace toutefois, car non seulement il n’y a jamais eu autant de députés RN au Parlement, mais surtout Marine Le Pen, la candidate du parti nationaliste, a été propulsée deux fois de suite au second tour de l’élection présidentielle. D’ailleurs, aujourd’hui la possibilité de la voir finalement accéder à l’Élysée en 2027 est étudiée de plus en plus sérieusement et de nombreuses personnalités politiques de tous bords s’y préparent même déjà.

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