Arméniens et Azerbaïdjanais restaient sourds jeudi à de nouveaux appels au cessez-le-feu et «intensifiaient» même leurs combats au Nagorny Karabakh, où des combattants «jihadistes» auraient été déployés selon Emmanuel Macron, laissant craindre une nouvelle escalade du conflit. «Selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep (Turquie). Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes jihadistes qui opèrent dans la région d’Alep», a déclaré M. Macron dans la nuit de jeudi à hier lors d’un sommet de l’Union européenne à Bruxelles. Il avait plus tôt dénoncé le déploiement de «combattants syriens de groupes jihadistes» ayant transité par la Turquie, plus fidèle alliée de l’Azerbaïdjan, pour rejoindre ce territoire séparatiste soutenu par Erevan. La Russie avait fait état d’informations similaires la veille à celles de M. Macron, dont le pays fait partie avec la Russie et les États-Unis du «groupe de Minsk» chargé d’une médiation dans ce conflit. Les trois présidents des pays de ce groupe ont d’ailleurs demandé dans un communiqué commun «la cessation immédiate des hostilités». «D’autres contingents se préparent, à peu près de la même taille (…) Une ligne rouge est franchie (…) c’est inacceptable», a martelé le président français. «J’appellerai le président (turc Recep Tayiip) Erdogan dans les tout prochains jours parce qu’en tant que coprésident du groupe de Minsk je considère que c’est la responsabilité de la France de demander des explications», a dit Emmanuel Macron, en interpellant l’Otan, dont la Turquie fait partie. La Turquie a également été dénoncée par le Premier ministre arménien, qui a dit détenir «des preuves» de l’implication militaire turque dans le conflit. «Ankara a fourni à Bakou des véhicules militaires, des armes, ainsi que des conseillers militaires. Nous savons que la Turquie a formé et transporté des milliers de mercenaires et de terroristes depuis les zones occupées par les Turcs dans le nord de la Syrie», a déclaré Nikol Pachinian dans un entretien au quotidien français «Le Figaro» publié hier, ajoutant que la Turquie s’aventurait «sur un chemin génocidaire». Le Nagorny Karabakh, en majorité peuplé d’Arméniens, a fait sécession de l’Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30 000 morts. Le front est quasi gelé depuis malgré des heurts réguliers, notamment en 2016. Au cinquième jour des affrontements, aucun camp ne semblait avoir un avantage décisif, Bakou et Erevan indiquant que les affrontements se poursuivaient. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue turc Mevlut Cavusoglu ont convenu, jeudi, lors d’une conversation téléphonique, que leurs deux pays étaient prêts à une «coordination étroite pour stabiliser la situation au Nagorny Karabakh», selon Moscou. Néanmoins, la Turquie n’a pas publié de communiqué sur les sujets évoqués pendant cet appel.