Jair Bolsonaro, le «Trump brésilien» comme il est surnommé en Occident, pourrait ne pas pouvoir accéder à un deuxième mandat à la tête du Brésil, son adversaire Luiz Inacio Lula da Silva gagnant toujours plus de terrain dans les sondages sur les intentions de vote des électeurs pour la présidentielle d’octobre prochain. Lula, l’ancien président de gauche qui a dirigé le pays de 2003 à 2010, pourrait en effet remporter l’élection dès le premier tour face à l’actuel président de droite, Jair Bolsonaro. D’après l’institut Datafolha, 48 % des Brésiliens voteraient pour l’ex-chef de l’État, contre 27 % pour Bolsonaro. Lula creuse en effet l’écart, avec 21 points d’avance au premier tour sur son adversaire. Un précédent sondage de cet institut de référence, publié il y a quelques semaines, lui donnait 17 points d’avance sur Jair Bolsonaro. Toutefois, les deux enquêtes ne sont pas totalement comparables, la première prévoyant des scénarios avec d’autres candidats, dont certains se sont retirés depuis. Fin avril, un sondage PoderData donnait en revanche Jair Bolsonarao à seulement cinq points (36 %) derrière Lula (41 %). Selon ce récent sondage, l’ancien président issu du parti travailliste brésilien l’emporterait même au premier tour, avec 54 % des voix contre 30 % pour Bolsonaro, si ne sont pris en compte que les votes valides, sans les bulletins blancs ou nuls. En cas de second tour, le leader du Parti des travailleurs, âgé de 76 ans, battrait Jair Bolsonaro, 67 ans, de 25 points (58 % contre 33 %), soit trois points de plus qu’en mars. Ce sondage est le premier réalisé sans les candidatures de l’ex-juge anticorruption Sergio Moro, ancien ministre de la Justice du gouvernement Bolsonaro, et de l’ex-gouverneur de centre droit de Sao Paulo Joao Doria, tenant d’une «troisième voie» et qui se sont retirés de la course. En troisième position arrive le candidat de centre-gauche Ciro Gomes (7 %), la sénatrice Simone Tebet étant créditée de la cinquième place avec 2 % des voix, à égalité avec le centriste André Janones. Ce sondage montre que «l’absence d’amélioration de l’économie peut créer une tendance favorable à Lula», a affirmé Creomar de Souza, un analyste politique brésilien. Par ailleurs, Jair Bolsonaro a plus de difficultés que Lula à parler aux électeurs ne faisant pas partie de ses partisans, selon lui. Il reste, toutefois, encore trois mois à l’actuel président pour tenter de faire remonter sa cote et arracher un second mandat. Lula de son côté à clairement réussi à faire oublier ses nombreux ennuis judiciaires, qui l’ont même mené en prison, et à réapparaître aux yeux des Brésiliens comme la promesse d’un futur plus clément. Après tout, les Brésiliens se souviennent encore des années dorées sous le règne du président de gauche et pourraient espérer qu’avec lui une fois encore à la tête de l’État la prospérité et l’apaisement pourraient se rependre dans un pays meurtri et en difficulté.