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vendredi 29 mars 2024

Aux Etats-Unis la polarisation désigne les candidats

Si dans le camp républicain il n’y a eu jusqu’à présent que deux candidats à s’être déclarés pour les primaires de 2024, l’un étant Donald Trump et l’autre Nikki Haley, chez les démocrates il y en a encore moins, personne pour tout dire. Et pour cause, tant que Joe Biden n’a pas fait connaître son intention, il ne se trouvera aucun démocrate d’assez confiant en sa destinée pour lui griller la politesse. La règle veut que lorsque le président en fonction est de son camp, on attend, si on veut à tout prix se présenter, qu’il se prononce en premier. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est de faire pression sur lui pour qu’il le fasse suffisamment à l’avance, de sorte que les candidats potentiels aient le temps de se préparer à la compétition. Les chances que Biden décide en fait de ne pas se représenter sont minimes, et pas que d’hier. S’il n’a pas encore annoncé sa candidature, c’est juste parce qu’il ne voulait pas compromettre les quelque deux ans qu’il reste de son mandat. En effet, on n’a pas le même statut de président une fois qu’on a fait savoir qu’on briguait un autre mandat.
C’est comme si on cessait du jour au lendemain d’être président de tous les citoyens américains pour devenir le candidat d’un seul camp. Biden ayant l’intention de faire voter des lois dans ce qu’il lui reste de temps à la tête de l’exécutif, ce que de toute façon il ne peut obtenir que sur une base transpartisane, il sait que ses chances pour cela seront réduites à néant une fois qu’il se sera déclaré. Mais comme désormais il ne peut plus se montrer nulle part sans qu’on lui demande quelles sont ses intentions pour 2024, il n’a plus guère le choix, il doit annoncer sa candidature, ce qu’il est censé faire dans les jours qui viennent. Mais si dans le camp du président sortant, la règle est à la temporisation, elle est à l’opposé dans celui des adversaires. Toutefois pas pour cette fois-ci, car chez les républicains non plus il n’y a pas bousculade au portillon de la candidature. Tout se passe comme s’il y avait un candidat naturel, qui en plus s’est empressé de se déclarer, empêchant ainsi une autre candidature de prendre forme. Ce candidat est Donald Trump, celui-là même qui lors de la présidentielle précédente avait perdu devant Biden. Quelqu’un qui n’a pas réussi sa réélection, mais qui dès l’élection suivante s’impose comme le candidat obligé de son camp, c’est quelque chose qui na pas dû se produire souvent dans l’histoire des Etats-Unis, pour autant qu’il y ait eu un antécédent. Il y a bien une candidature en plus de la sienne chez les républicains, celle de Nikki Haley, mais qui n’est pas de nature à mettre en danger la sienne, si même elle ne lui sert pas de faire-valoir. Nul ténor républicain n’a osé jusqu’à présent faire comme elle. Ni Ron Desantis ni Mike Pompeo, ni aucun autre, n’a même reparlé de son projet de candidature, sinon pour dire, comme vient de le faire l’ancien secrétaire d’Etat, qu’il y renonçait. Il existe une grande différence entre Trump et Biden, à côté de ce qu’ils ont en commun, et qui fait d’eux les candidats obligés de leurs camps respectifs. Biden n’est pas tant le candidat de la base démocrate que celui du parti démocrate. A l’inverse, Trump est davantage le candidat de la base républicaine que celui du parti républicain. Cette différence devrait favoriser Trump, n’était la forte polarisation politique actuelle, dont l’un des résultats est que les camps sont mobilisés en dehors même de toute perspective électorale. C’est elle qui fait que les deux finalistes de 2020 s’apprêtent à se retrouver en 2024 – sauf imprévu, une condamnation de Trump par exemple, un scénario à vrai dire peu probable.

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