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vendredi 19 avril 2024

Autosuggestion

Chacun a pu le constater : depuis la reddition des derniers soldats et paramilitaires ukrainiens du bataillon Azov tous retranchés dans les sous-sols de l’usine Azovstal dans la ville côtière de Marioupol, il n’est tout à coup plus question en Occident d’une défaite de la Russie dans la guerre en Ukraine. Or il en sera sans doute encore moins question dans les jours qui viennent, l’armée russe s’apprêtant en effet à lancer l’assaut final sur la ville de Severodonetsk dans Lougansk, où plusieurs milliers de soldats ukrainiens (on les estime entre 8 à 10 mille) se trouvent complètement encerclés, et sont à leur tour condamnés à se rendre à plus ou moins brève échéance, pour autant bien sûr que Kiev ne les destine pas au sacrifice jusqu’au dernier. Si ce sont surtout ces images de combattants ukrainiens épuisés sortant du sous-sol d’Azovstal en longues files indiennes, pour certains portés sur des civières, et se faisant minutieusement fouillés par les soldats russes, qui ont coupé court aux fantasmes d’une victoire ukrainienne en train de prendre forme grâce à l’armement qualitatif des Occidentaux, celles qui seront prises à Severeodonestk par les services de propagande russes seront encore plus démoralisantes car mettant en scène des redditions bien plus nombreuses qu’à Marioupol. Mais s’il n’est plus question d’une défaite stratégique de la Russie dans cette guerre, le fait est qu’il n’est pas encore d’une victoire en train de lui revenir à coup sûr.

Peut-être qu’il faudrait pour cela que les villes ukrainiennes, qui ont résisté jusque-là à l’offensive des bataillons russes et qui même les ont quelquefois forcés à reculer, se mettent brusquement à tomber les unes après les autres comme des dominos. C’est en effet à cette aune que les Occidentaux ont décidé que doit se mesurer en l’occurrence la victoire russe. On se souvient que les Américains avaient prévu au tout début de l’invasion de l’Ukraine que les Russes prendraient non pas seulement le Donbass mais Kiev lui-même, le tout dans trois jours tout au plus. Trois jours plus tard, et même une semaine plus tard, divine surprise pour eux : non seulement Kiev n’est pas tombé, mais aucune autre grande ville ne l’a été. Puis un mois est passé, puis deux autres, et les forces ukrainiennes qui ne se laissent toujours pas écraser, qui tiennent toujours le coup, à qui il arrive même de reprendre des positions perdues par elles dans un premier temps, comme sous l’effet de la surprise. C’est alors que les Américains et leurs alliés se sont mis à croire… qu’ils avaient peut-être eu tort de croire en une victoire russe fulgurante. Que cette guerre ne serait pas une «guerre de trois jours», ni même une guerre de trois mois, mais une guerre de plusieurs années. Arrivés à ce point, il ne leur restait plus grand-chose à faire pour se convaincre du contraire, c’est-à-dire d’une défaite non pas ukrainienne mais russe. Ils en étaient là lorsque prit fin le siège d’Azovstal, qu’ils avaient fini par juger inexpugnable. Un malheur n’arrivant jamais seul, ils n’ont pas eu le temps de se remettre de ce revers qu’il leur faut déjà se préparer à en essuyer un deuxième. À Severodonetsk précisément, qui ne va pas seulement tomber, mais offrir ce spectacle désolant de soldats ukrainiens se rendant par colonnes entières, sans doute encore plus longues que celles qu’on a pu voir à Marioupol.

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