11.9 C
Alger
mardi 21 mars 2023

Au nom de la loi

Les démocrates américains vont selon toute probabilité céder le contrôle de la Chambre des représentants aux républicains, mais ici comme aux sénatoriales, leur puissante machine médiatique, dont l’influence outrepasse les frontières américaines, parvient presque à faire croire qu’ils sont sortis des élections de mi-mandat, dans leur deux espèces, plus forts qu’ils n’y étaient entrés. Même le contrôle du Sénat ne leur a pas encore échu de façon certaine, bien que le siège de l’Arizona soit finalement revenu à l’un des leurs, ce qui les porte au même niveau que les républicains, 49 sièges chacun, alors qu’il en faut 51 au moins pour avoir le droit de crier victoire. Deux sièges restent en compétition, celui du Nevada, dont en principe on connaîtra bientôt le sort, et celui de la Géorgie, qui lui fera l’objet d’un deuxième tour, qui est prévu pour début décembre. Au Nevada, le candidat républicain est toujours en tête, mais sa rivale démocrate, et précédemment détentrice du siège, le talonne désormais de près, si bien qu’elle peut très bien le coiffer au poteau, comme on dit trivialement. Dans ce cas, les démocrates auraient 50 sièges, mais ce ne serait pas suffisant pour garder le contrôle du Sénat, il leur faudrait encore remporter le siège de la Géorgie, ce qui n’est pas acquis. Mais même dans cette supposition, ils auraient perdu la moitié du pouvoir législatif, dont ils disposaient en totalité auparavant.

En fait, perdre une Chambre, c’est perdre le pouvoir législatif tout entier, une loi n’étant adoptée que lorsqu’elle est votée par les deux chambres. Dans nombre de cas d’ailleurs, il faut bien plus que les 50+1 voix pour qu’un texte passe au Sénat. L’intérêt de disposer du Sénat est ailleurs. Il permet de se garantir contre des «actes de malveillance» de la part de l’adversaire, comme celui consistant à monter un procès en destitution contre le locataire de la Maison-Blanche, le chef de son camp. Non pas pour le destituer, parce que pour cela il faut les deux tiers des 100 voix du Sénat, mais juste pour attenter à son prestige, à son honneur, pour s’offrir le plaisir de le traiter en délinquant. C’est ce que les démocrates ont fait à Donald Trump par deux fois, une première alors qu’il était en fonction, et une deuxième alors même qu’il n’était plus en poste. Si les républicains étaient majoritaires au Sénat, ils le transformeraient en tribunal en vue de juger Joe Biden, même en étant certains de n’avoir aucune chance d’obtenir sa condamnation. Quand on parle de polarisation politique aux Etats-Unis, c’est aussi de cette façon qu’il faut l’entendre. Une polarisation, c’est une guerre civile à blanc, et une guerre au nom de la loi. N’empêche, dans une guerre, tout est permis. On avait cru à tort que du moins les deux camps américains allaient faire bloc pour s’opposer à la Russie, qui envahissait l’Ukraine. De fait, c’est ce qui avait semblé d’abord, bien que Trump ait commencé par le féliciter pour son acte à mots à peine couverts. Avec moi à la Maison-Blanche, avait-il dit, cette guerre n’aurait pas eu lieu. C’est que donc, à ses yeux, ce n’était pas tant la guerre de Poutine, comme on disait à l’Ouest, mais la guerre de Biden. L’intention pour ainsi dire déclarée des républicains, avant qu’ils ne «perdent» les élections, ce n’était pas de le juger pour cette guerre, mais pour le retrait d’Afghanistan, à leurs yeux humiliant, qu’il avait fait faire à l’armée américaine. En fait, les républicains ont en tête quelque chose de bien plus explosif, mais qu’ils se sont gardés d’aborder pendant la campagne par crainte des représailles : l’affaire dite du laptop de Hunter Biden, le fils Biden. C’est surtout à cela que les démocrates ont échappé en limitant les dégâts aux dernières élections.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img