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jeudi 28 septembre 2023

Au moins une chose est commune aux crises de 2008 et de 2023

Depuis la faillite de Silicon Valley Bank, suivie de celle de Signature Bank, ensuite le sauvetage de First Republic Bank, ainsi que celui de Crédit Suisse, on nous explique sans discontinuer que la crise actuelle, bancaire quant à elle, ne ressemble en rien à la crise financière de 2008, dite des subprimes, survenue dans un contexte et pour des raisons très différents de ceux d’aujourd’hui. Si on ne va pas jusqu’à ajouter : même à supposer qu’en se généralisant elle devienne une véritable crise, ce qui pour l’heure est loin d’être encore le cas, comme l’avait été indubitablement celle de 2008, le fait est que c’est bien ce que l’on veut dire. Cette différence ne se ramène pas au fait que l’une est bancaire et l’autre financière, ce qui déjà suffirait à les distinguer, au moins au début du processus, avant que l’aggravation n’ait pour fatal effet de brouiller les contours, quoi qu’elles aient pu être en soi au départ, mais à ceci que leurs causses profondes ne sont pas les mêmes. Par causes ici, on entend aussi bien celles qui ont provoqué la crise que celles qui l’ont préparée et mûrie, qui l’ont suscitée et entretenue autrement dit, portée à l’existence. Or sur un point au moins on a tort en soutenant cela.

Aussi différentes qu’on puisse les supposer, les deux crises, celle d’aujourd’hui, pas encore effective, et qui peut-être ne le sera pas, et celle qu’elle évoque immanquablement, ou dont elle ravive le souvenir, ont été provoquées par le même facteur déclenchant : la brusque hausse des taux d’intérêt passés d’un niveau très bas, où ils ont été longtemps maintenus, à des niveaux nettement supérieurs. La crise de 2007-2008 n’avait pas éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle avait été précédée d’une hausse soudaine des taux d’intérêt en 2006, qui d’un coup 1% étaient montés à 5%, c’est-à-dire à peu de chose près à leur niveau actuel. En 2007-2008, cela avait causé le dégonflement de la bulle immobilière, ce qui à son tour avait provoqué des faillites en cascade dans le secteur financier. Des prêts immobiliers avaient été accordés à des taux avantageux à des ménages ne satisfaisant pas les conditions ordinaires en pareil cas. La hausse des taux d’intérêt avait entraîné leur incapacité à assumer les remboursements périodiques convenus, dans le même temps que le marché immobilier américain se retournait, le prix des maisons s’étant mis à baisser pour la première fois depuis des décennies. Voilà pour l’élément déclencheur dans le cas de la crise de 2008, qui en fait avait commencé quelques mois plus tôt. Il se trouve que c’est le même qui a été l’œuvre en ce mois de mars, provoquant indirectement la faillite de SVB, la plus retentissante de celles qui se sont produites. La hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation a causé la crise des liquidités des banques, en dépréciant notamment les actifs détenus par elles sous forme de bonds du Trésor. La panique des clients a fait le reste s’agissant plus particulièrement de SVB, une banque particulière à bien des égards. Mais si en 2008, le maillon faible avait été l’emprunteur, le détenteur du prêt immobilier, dont les défauts de paiement ont eu raison de tout la chaîne, aujourd’hui ce sont les banques elles-mêmes qui sont placées sous étroite surveillance tant par les marchés que par leurs clients, prêts à se ruer sur leurs guichets aux premières rumeurs que leurs caisses sont en réalité déjà en train de se vider.

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