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jeudi 28 mars 2024

Au Liban comme aux Etats-Unis : le spectre de la guerre civile

Deux pays semblent aujourd’hui tout près l’un comme l’autre de basculer dans le pire, qui pourtant sont à ce point différents qu’ils ne devraient jamais se trouver dans une situation comparable : les Etats-Unis et le Liban. Il serait fastidieux de faire l’énumération de tout ce qui les sépare, tant ils sont éloignés l’un de l’autre. Qu’il suffise de dire que les premiers sont la première puissance mondiale, et que le second est un petit pays du Moyen-Orient, qui depuis longtemps ne sort d’une crise que pour entrer dans une autre, l’instabilité, politique notamment, étant en quelque sorte son état normal. Mais voilà qu’aujourd’hui, un même spectre plane sur eux, celui de la guerre civile, même si en apparence il semble plus près de se saisir du petit pays que du grand. Le Liban est frappé d’une crise économique sans précédent, dont il ne pourra pas se relever sans l’aide extérieure. Mais pour obtenir celle-ci, la condition qui lui est faite, à la fois par la France et les Etats-Unis, est qu’il se réforme non seulement économiquement mais politiquement. Une chose qui de toute façon n’est envisageable que s’il commence par se doter d’un nouveau gouvernement. Pour tout autre pays qui se serait trouvé dans la même situation de crise catastrophique, la condition à satisfaire par lui pour être secouru aurait été d’ordre économique. Il en est autrement dans son cas.

Ce qui est attendu de lui, outre l’obligation de se plier à la thérapie de choc bien connue du FMI, réservée aux seuls pays du sud, c’est de convaincre l’une de ses composantes politiques, à savoir le Hezbollah, de se délester de ses armes. Ce qui à l’évidence n’est nullement son intention. De là le risque majeur d’un recours généralisé aux armes pour sortir de l’impasse. Saad Hariri, le chef de la communauté sunnite, n’écarte plus cette éventualité. Au contraire, pour lui elle est inévitable si un nouveau gouvernement ne voit pas le jour à brève échéance, conformément à l’exigence française. Les choses étant ce qu’elles sont dans ce pays, le miracle, c’est que la guerre civile n’ait pas lieu justement. Pour être d’une autre nature, la situation américaine n’en est pas moins porteuse d’un danger similaire. Le FBI vient de déjouer un plan d’enlèvement de la gouverneure démocrate de l’Etat du Michigan, Gretchen Whitmer, par un groupe d’extrême droite, à ce qu’il semble formé de partisans de Donald Trump. Il faut dire que celui-ci avait déjà appelé dans un tweet à «libérer le Michigan», dans son esprit peut-être seulement des restrictions imposées par la gouverneure dans la lutte contre le Covid-19, et jugées intolérables par une partie de la population. Pour être absolument certain que les Etats-Unis ne sombreront pas dans une nouvelle guerre civile, il faut attendre que la présidentielle se tienne et que ses résultats soient acceptés. Il est vrai, la menace semble provenir plus d’un camp que de l’autre, celui du président sortant. Mais c’est parce que le camp d’en face considère que sa victoire est quasi assurée, les sondages lui étant de plus en plus favorables. Il en aurait été autrement, il n’est pas évident qu’il s’en serait tenu à la même ligne de conduite. Les démocrates ont mené contre Trump une campagne de déstabilisation de chaque instant depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Ce travail systématique de sape n’a pas peu contribué à créer le climat délétère dans lequel baignent aujourd’hui les Etats-Unis. Les démocrates, eux non plus, n’accepteraient pas la défaite si c’est à eux qu’elle était promise.

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