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jeudi 18 avril 2024

Au cœur du Pentagone

Bien que ce ne soit pas la première fois que des documents hautement secrets – américains le plus souvent, on se demande pourquoi – soient brusquement portés à la connaissance du grand public, il n’est pas anodin qu’une fuite spectaculaire ait lieu à nouveau, ainsi que cela est arrivé dernièrement en deux salves successives. Première interrogation : est-ce tout pour cette fois-ci, n’y a-t-il pas un troisième paquet de pièces classifiées qui attend d’être balancé sur ce genre de places publiques que sont désormais les réseaux sociaux, en particulier les plus fréquentés d’entre eux ? Ces opérations sont généralement à épisodes. On se souvient des publications par les soins militants de Wikileaks, des Panama Papers, et d’autres encore, ménageant leurs effets comme autant d’électrochocs sur une opinion mondiale engourdie par le charme tranquillisant des grands médias conventionnels. Cette fois-ci, c’est la caisse noire du Pentagone qui a dégorgé une partie de son contenu sur des réseaux sociaux, et que le même Pentagone a cherché vainement dans un deuxième temps à récupérer. En l’occurrence, à vrai dire, ce qui lui a été volé, c’est moins des documents que des photos de documents. Mais comme il s’agit de plans de bataille, de chiffres évidents, de quantités d’armes livrées à l’Ukraine, d’estimation de pertes subies de part et d’autre, on n’a pas l’impression d’avoir été frustré de l’essentiel.

Au contraire, l’espion, le lanceur d’alerte, la femme ou l’homme de bien, la main de fée, appelons-le comme on voudra, qui a fait le travail s’est concentré sur l’essentiel, soucieux de la concision, désireux de partager avec tous un maximum de secrets militaires américains en un minimum de temps. Comme sûrement il devait faire vite, il n’a copié
de chaque document que sa face la plus instructive, sa quintessence. Deuxième interrogation : et si ce sont les services secrets américains qui ont monté le coup pour manipuler les Russes en vue de la contre-offensive ukrainienne annoncée depuis des mois pour ce printemps ? Il se trouve qu’ici on a la preuve du contraire. En effet, si ce sont les Américains qui ont monté la fuite dans le but d’intoxiquer les Russes, ils auraient majoré les pertes russes et minoré les pertes ukrainiennes, ne serait-ce que par souci de cohérence, ayant toujours affirmé en effet que les pertes russes sont nettement plus importantes que celles des Ukrainiens. Or ce n’est pas ce que disent les chiffres dévoilés, ni non plus les lourdes insinuations des médias occidentaux, français particulièrement, apparemment les plus zélés de tous dans le mensonge, comme quoi ces chiffres ont sûrement été falsifiés par les Russes. Dans cette hypothèse, ces fuites sont plus que des fuites, le début de la contre-offensive ukrainienne, sauf que celle-ci ne commence pas comme elle devrait sur le champ de bataille, en Ukraine quelque part sur la ligne de front, mais dans le monde parallèle, sur Internet. De sorte que si la contre-offensive n’est pas imminente, alors c’est que les Russes n’ont eu le temps de rien falsifier. Tout se passe, en fait, comme si les chiffres des pertes attribuées aux deux côtés constituaient l’essentiel de l’information, le reste, notamment ce qui a trait aux forces en présence, n’apportant rien de nouveau par rapport à ce que l’on savait déjà sur le sujet.

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