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mardi 16 avril 2024

Au Capitole, un air de 6 Janvier mais en mode interne

Jusqu’au moment où ces lignes sont écrites, et après trois jours pleins de tractation et onze tours de vote successifs, les républicains n’ont toujours pas  élu Kevin Mccarthy, leur  premier choix au poste de président de la Chambre des représentants,  en lieu et place de la démocrate Nancy Pelosi dont le mandat n’a pas manqué de panache. D’autres votes devaient avoir lieu pour le même propos dans la journée d’hier vendredi, dont peu s’attendaient à ce qu’au moins l’un d’eux fût  couronné de succès. Il faut savoir que sans un élu présidant aux travaux parlementaires, ce n’est pas seulement la Chambre qui est bloquée mais tout le Congrès,  de sorte que c’est le pouvoir législatif américain dans son ensemble qui se trouve à l’arrêt. Il faut remonter assez loin dans le passé des Etats-Unis, à 1858 exactement, c’est-à-dire à la veille de la guerre civile, pour trouver un terme de comparaison avec ce qui se passe aujourd’hui. En 1858, l’impasse n’avait été dépassée qu’au bout de deux mois et 133 tours de vote. C’est dire s’il y a encore de la marge aujourd’hui. Un groupe de 20 représentants républicains d’extrême droite, se réclamant du « Freedom Caucus », votent systématiquement contre le candidat de leur propre parti, non parce qu’ils ont un autre nom à proposer ayant lui aussi des chances d’obtenir le nombre de voix nécessaires, mais pour forcer McCarthy à leur faire un maximum de concessions, ce qui le cas échéant aurait pour effet de le déposséder de ses prérogatives inhérentes à sa fonction de « speaker » de la Chambre, de faire de lui une sorte d’homme de paille. D’aucuns ont vu dans leur  intransigeance une mutinerie au fond de même nature que  celle qui  en son temps s’était traduite par l’invasion du Capitole le 6  janvier 2021, à cette différence près qu’à l’époque l’attaque contre les institutions avait été menées par des gens venant de l’extérieur alors que celle d’aujourd’hui  s’est produite à l’intérieur même du Capitole,  à l’initiative d’élus. C’est un peu comme si une vingtaine des  envahisseurs du 6 Janvier avaient réussi à se faire élire aux dernières élections, et qu’à présent ils agissaient contre le système depuis l’intérieur, dans ce qui en apparence est un simple jeu parlementaire. Ayant maintenant en tant qu’élus le pouvoir et même le droit de paralyser le système, alors ils ne s’en privent pas, sans avoir nul autre véritable objectif en vue. A la rigueur, ils ne consentiraient à désarmer et à rentrer dans le rang, en somme à laisser McCarthy se faire élire, que si le pouvoir de la Chambre leur était remis dans sa totalité, de façon à ce qu’ils  puissent en disposer à volonté dans les deux prochaines années. Le parallèle avec le 6 Janvier semble d’autant plus indiqué que le groupe de républicains en  question passent pour être des MAGA (Make America Great Again), le slogan des partisans de Trump. Mais s’ils étaient des trumpistes et rien que cela, ils auraient écouté leur chef, qui les a déjà appelés à voter pour McCarthy, ce qu’ils n’ont toujours pas fait. Impossible de dire par avance sur combien de jours et de votes ce blocage institutionnel va s’étendre.  Dans un premier temps, l’idée prévalait qu’il ne durerait pas plus de quelques heures, qu’un compromis serait vite trouvé autour de la seule candidature républicaine disposant de chances réelles d’emporter la décision. Cet optimisme a de moins en moins cours maintenant. On n’en est pas encore à désespérer tout à fait du cas McCarthy, mais des voix suggèrent déjà qu’il vaut mieux passer à une autre candidature, ne serait-ce que pour sauver ce qui peut l’être encore de la dignité attachée à la fonction de speaker.

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