Durant les deux mandats de Barack Obama (2008-2016) la diplomatie au Proche-Orient avait pris une place de choix dans la politique extérieure des États-Unis. Durant cette période, les relations entre Washington et Tel-Aviv avaient été d’ailleurs particulièrement éprouvantes avec de nombreux clashs entre l’administration démocrate et les dirigeants israéliens. Toutefois, Donald Trump a rapidement rétabli l’amitié entre les deux pays en usant de son pouvoir pour imposer d’énormes concessions aux Palestiniens qui n’ont pas eu leur mot à dire. Aujourd’hui, l’administration Biden semble vouloir rester loin de ce dossier sensible. Mais sans l’attention de Washington, le reste du monde semble avoir oublié la cause palestinienne. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), une organisation qui fait face à un déficit budgétaire chronique, a lancé hier un appel de 1,6 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros) pour 2023. Sur ce montant, 848 millions de dollars sont destinés à soutenir les services de base, tels que les besoins en santé et éducation, tandis que 781,6 millions doivent permettre de financer les opérations d’urgence à Ghaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban. «L’Unrwa continue de jouer un rôle indispensable dans la vie de millions de réfugiés palestiniens. Nous nous efforçons de maintenir la fourniture de services de base dans un contexte financier et politique incroyablement difficile», a souligné le commissaire général de l’organisation, Philippe Lazzarini, dans un communiqué. «Les réfugiés palestiniens, l’une des communautés les plus défavorisées de la région, sont confrontés à des défis sans précédent et dépendent de plus en plus de l’Unrwa pour les services de base et, dans certains cas, pour survivre». Selon l’Unrwa, la plupart des réfugiés palestiniens vivent désormais sous le seuil de pauvreté, et beaucoup dépendent de l’aide humanitaire de l’agence onusienne. L’appel d’urgence demande 311,4 millions de dollars pour Ghaza, 32,9 millions pour la Cisjordanie, 247,2 millions pour la Syrie, 160 millions pour le Liban et 28,8 millions pour la Jordanie. Selon l’Unrwa, les défis qui se sont accumulés courant 2022, «le sous-financement, les crises mondiales concurrentes, l’inflation, les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, la dynamique géopolitique et l’augmentation vertigineuse des niveaux de pauvreté et de chômage parmi les réfugiés palestiniens», ont mis l’agence à rude épreuve. «Je reviens tout juste de Syrie où j’ai été le témoin direct d’une souffrance et d’un désespoir indescriptibles. La situation des réfugiés palestiniens dans ce pays se reflète malheureusement ailleurs comme au Liban et à Ghaza, où les réfugiés palestiniens touchent le fond», a commenté Philippe Lazzarini. «Beaucoup m’ont dit que tout ce qu’ils demandaient était de pouvoir mener une vie digne. Ce n’est pas beaucoup demander». La crise économique au Liban depuis 2019, une des pires de l’époque moderne, a porté un coup dur aux communautés vulnérables, dont les réfugiés palestiniens. Selon l’Unrwa, le taux de pauvreté de ces derniers au Liban, qui s’élevait à près de 70 % début 2022, atteint désormais 93 %. L’agence de l’ONU a été créée en 1949, un an après la création d’Israël, pour aider les plus de 750 000 Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés lors de la guerre de 1948, ainsi que leurs descendants. Et leur sort ne semble pas intéresser grand monde sur la scène internationale, avec la guerre en Ukraine qui accapare l’attention de l’Occident. Reste à voir si celui qui fut le vice-président d’Obama durant huit ans va se décider à aborder le sujet du conflit israélo-palestinien et surtout des conditions de vie exécrables des Palestiniens piégés dans la Bande de Ghaza, ou s’il préférera continuer à éviter ce sujet délicat qui a par le passé failli saborder les relations israélo-américaines.