Alors que La République En Marche a semé le trouble à droite en fusionnant sa liste pour les élections régionales de juin prochain avec le candidat Paca Les Républicains, Renaud Muselier, le Rassemblement National tente lui aussi de prendre sa part du gâteau chez les LR et surtout d’appeler les électeurs de droite à voter pour eux. Le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a en effet assuré hier que son parti avait «beaucoup de points communs avec l’électorat» du parti Les Républicains, qui vient de se déchirer sur l’opportunité de passer ou non un accord avec LREM au premier tour des élections régionales en Paca. Les Républicains ont maintenu finalement mardi leur «soutien» à Renaud Muselier, candidat LR à sa succession à la tête de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en échange de l’assurance qu’il n’y aurait «aucun accord avec LREM» malgré le retrait annoncé de la liste macroniste. Renaud Muselier «veut garder son siège à tout prix, il est obligé de faire alliance avec les macronistes car il sait que sinon le RN est en position de force pour gagner la région», a estimé sur LCI le vice-président du RN, qui a tenu à distinguer «les LR d’en haut qui vont à la soupe avec Emmanuel Macron et les LR d’en bas». Il a fait valoir que le candidat du RN dans cette région, l’ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani, avait «vu Les Républicains se saborder et se tourner vers Emmanuel Macron, et renier leurs convictions». «Or, aujourd’hui nous partageons beaucoup de points communs avec l’électorat des Républicains. Et Marine Le Pen en 2022 sera aussi la candidate de toute cette droite populaire, sociale, qui aspire aujourd’hui à remettre de l’ordre dans le pays et qui partage avec nous cette volonté de ne pas faire réélire Emmanuel Macron parce qu’un nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron serait un nouveau quinquennat de désordre, de chaos, de violence», a ajouté Jordan Bardella. Chez LR, le député LR Eric Ciotti s’était attiré fin avril les critiques de la gauche et de la majorité en jugeant que ce qui «différencie globalement» son parti du Rassemblement national est la «capacité à gouverner». Hier, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a souligné que «ça va beaucoup plus loin que cela» : cela concerne aussi «la vision de la société, le regard sur l’Europe et le monde, et aussi quelque part une confiance en l’homme et non pas une peur de l’autre». «C’est ça pour moi toutes nos différences avec le Rassemblement National (…), ce sont des valeurs sur lesquelles je ne transigerai jamais», a-t-il insisté. Mais les électeurs de droite ne sont visiblement pas du même avis, alors que de nombreuses études d’opinions montre une proximité toujours plus grande entre les électeurs LR et RN sur une majorité de sujets et alors que beaucoup d’électeurs de droite sont de plus en plus tentés par un vote pour Marine Le Pen pour la prochaine présidentielle. LR se retrouve ainsi en proie à la convoitise de LREM et du RN et devra rapidement se prononcer pour la présidentielle s’il ne veut pas voir ses électeurs le déserter.