Estimant qu’elle ne profite pas au simple citoyen, l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (Anca) préconise d’orienter la subvention directement vers les catégories au revenu faible.
Par Louisa Ait Ramdane
La révision de la politique des subventions des produits de première nécessité vient d’être de nouveau soulevée par l’Anca. L’association de Hadj Tahar Boulenouar considère que «changer la politique de subvention actuelle est devenu nécessaire pour soutenir l’économie nationale, mais aussi pour améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, encourager la production nationale et réduire la facture d’importation». Selon lui, les résultats de la politique de subvention actuelle, qui draine plus de 17 milliards de dollars du Trésor public, n’apparaissent pas sur le pouvoir d’achat et ne distinguent pas les groupes sociaux aisés et les groupes sociaux à revenu moyen ou faible.
Dans un communiqué rendu public, Boulenouar a déclaré que les effets négatifs de la politique de subvention alimentaire sur le système économique et la vie sociale sont devenus apparents et se répètent constamment dans les opérations d’approvisionnement ou de distribution.
«La politique de subvention actuelle arrange en premier lieu le producteur étranger, le contrebandier qui trouve son compte à travers la marge du bénéfice qu’il obtient par rapport aux pays voisins, et bien sûr les barons qui détournent ce produit pour d’autres productions comme les fromages, les crèmes, le yaourt», a précisé Boulenouar.
La politique des subventions de l’Etat, selon la même source, encourage le transfert des matières subventionnées à d’autres objectifs. Selon ses estimations, l’association affirme que 25 % de la farine et de la poudre de lait subventionnées sont détournées vers la production autre que le pain et le lait en sachet. L’Anca précise également que ce sont les matières subventionnées qui font le plus l’objet de détournement, soulignant que la politique adoptée jusqu’à présent est contraire à la rationalisation de la consommation et ouvre le porte au gaspillage. «La politique de subvention actuelle est opposée à la politique de la rationalisation de la consommation et ouvre la voie au gaspillage dont la valeur dépasse 400 millions de dollars par an», indique la même source. En outre, la même source affirme que la politique de subvention actuelle entrave l’investissement et la production, car la plupart des hommes d’affaires algériens et étrangers refusent d’investir dans la production des produits subventionnés par l’État. Donc, poursuit Boulenouar, la politique de subvention actuelle est en contradiction avec les conditions de concurrence et de transparence, et le plus dangereux de tout ce qui précède est que la politique actuelle encourage les importations, et les premiers bénéficiaires en sont les producteurs étrangers, ce qui contredit l’objectif tracé par l’Etat qui vise à réduire les importations et encourager la production nationale. Pour toutes ces raisons, le président de l’Anca préconise de changer la politique de subvention des biens de consommation en général et de l’alimentation en particulier, en orientant les subventions vers le citoyen en reconsidérant la politique salariale et en accordant des subventions financières aux personnes à revenu faible et bénéficiant des expériences des pays développés dans les politiques d’accompagnement.
Pour rappel, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, avait annoncé en début d’année que la révision de la politique des subventions de l’Etat, en vue de cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin, interviendra au plus tard le deuxième semestre de 2021. Le Président Tebboune a annoncé le lancement prochain d’une «réflexion nationale» sur la révision des subventions étatiques. Pour ce qui est de la date du lancement de celle-ci, ce sera, précise Tebboune, après l’élection législative.
L. A. R.
