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lundi 20 mars 2023

Arsenal

Si la guerre en Ukraine semble occuper de plus en plus la Maison-Blanche, à Washington l’on n’oublie toutefois pas la Corée du Nord qui s’est beaucoup distinguée ces dernières semaines en testant son arsenal militaire. Devant un Conseil de sécurité de l’ONU divisé, les États-Unis ont ainsi réclamé cette semaine, en vain, des sanctions plus dures contre Pyongyang, accusée de «provocations de plus en plus dangereuses», au lendemain du tir d’un missile balistique intercontinental. Après des heures de réunion du Conseil, 15 pays (Albanie, Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Corée du Sud, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Irlande, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, Norvège, Royaume-Uni) ont «condamné dans les termes les plus forts le lancement par la RPDC (République populaire démocratique de Corée) d’un missile balistique intercontinental (ICBM) le 24 mars». Ce tir «représente une menace, non seulement pour la région, mais pour toute la communauté internationale», a martelé l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, en lisant une déclaration devant la presse, entourée par ses homologues. Les 15 gouvernements signataires, dont certains ne siègent pas présentement au Conseil, «appellent tous les membres de l’ONU, en particulier ceux du Conseil de sécurité, à se joindre (à eux) pour condamner ce comportement, sommer la RPDC d’abandonner ses armes de destruction massive et son programme de missiles balistiques et s’engager sur la voie de la diplomatie vers une dénucléarisation de la péninsule coréenne». Mais Linda Thomas-Greenfield n’a pas parlé devant les journalistes d’un renforcement des sanctions. Pourtant, devant le Conseil de sécurité, en présence de ses homologues chinois, russe, japonais et sud-coréen, la diplomate américaine avait dénoncé les «provocations de plus en plus dangereuses de la RPDC» et annoncé que «les États-Unis présenteraient au Conseil de sécurité une résolution (…) afin d’actualiser et de renforcer le régime de sanctions de la résolution 2397» adoptée en décembre 2017. Mais Pékin et Moscou ont exclu tout durcissement des sanctions contre Pyongyang. L’ambassadeur chinois Zhang Jun a au contraire plaidé pour un «allègement des sanctions au moment opportun» et l’ambassadrice adjointe russe, Anna Evstigneeva, a dit redouter qu’un «renforcement des sanctions (…) ne menace les citoyens nord-coréens avec des problèmes socio-économiques et humanitaires inacceptables». La résolution 2397 avait été adoptée à l’unanimité le 22 décembre 2017, un mois après le dernier tir par Pyongyang d’un ICBM, le Hwasong-15, susceptible de transporter «une ogive lourde extra-large» capable de frapper tout le territoire continental américain. À l’époque, a rappelé Linda Thomas-Greenfield, «le Conseil avait décidé que nous agirions en cas de lancement par la RPDC d’un ICBM». Comme «c’est précisément ce qu’il s’est passé, il est donc temps d’agir», a-t-elle insisté. Jeudi, Kim Jong Un a personnellement ordonné et supervisé le tir du plus puissant ICBM du pays, assurant que Pyongyang est prêt pour une «confrontation de longue haleine avec les États-Unis», a rapporté, vendredi, l’agence de presse d’État. Le Conseil de sécurité s’est toutefois entendu vendredi sur le renouvellement jusqu’au 30 avril 2023 du mandat du panel d’experts travaillant pour le Comité des sanctions de l’ONU chargé de la Corée du Nord (résolution 1718 de 2006). Avec la guerre en Ukraine et l’hostilité de l’Occident pour la Russie, il aurait été surprenant d’arriver à un accord unanime, la Chine défendant toujours coûte que coûte Pyongyang et Moscou étant peu disposé à abonder dans le sens de Washington. Le Kremlin, voulant ménager Pékin autant que faire se peut, continuera vraisemblablement à épouser sa ligne de conduite vis-à-vis de la Corée du Nord ou de tout autre sujet.

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