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dimanche 2 avril 2023

Armée

Si durant plus de soixante-dix ans en Allemagne la question militaire a été un véritable tabou transmis de génération en génération, la guerre en Ukraine il y a un an aurait réveillé la volonté de Berlin de posséder une force militaire solide et capable de défendre le pays en cas de conflit. C’est du moins ce qu’affirmait il y treize mois le chancelier allemand Olaf Scholz qui avait d’ailleurs promis un investissement de plusieurs milliards d’euros pour soutenir ses infrastructures militaires. Mais aujourd’hui, l’armée allemande continue à manquer de «tout», malgré l’engagement du Chef du gouvernement d’investir massivement, a regretté, ce mardi, la commissaire à la Défense au Bundestag. «La Bundeswehr manque de tout, et elle en a encore moins depuis le 24 février 2022, date de l’attaque russe», déplore Eva Högl lors de la présentation de son rapport annuel sur l’armée allemande. «Cela concerne la formation, les exercices et aussi
l’équipement en opération», a déploré la commissaire, pour qui l’armée allemande «n’est pas entièrement opérationnelle». «Nous n’avons pas assez de chars pour pouvoir former, pour pouvoir nous entraîner et pour avoir ensuite les moyens nécessaires lors d’un engagement, il manque des bateaux et des navires, il manque des avions», a énuméré Eva Högl. Elle a rappelé que le chancelier avait annoncé un investissement de 100 milliards d’euros quelques jours après l’attaque russe, «pas un euro ni un centime de ce fonds spécial n’a encore été dépensé». «C’est pourquoi je demande que cet argent important pour la Bundeswehr parvienne rapidement aux troupes et que cette année certaines choses soient acquises de manière tangible», a préconisé Eva Högl. La commissaire à la Défense a notamment demandé à ce que le gouvernement passe rapidement des commandes pour combler les «lacunes» en matériel, accentuées par les livraisons de chars, de véhicules blindés ou encore de munitions à l’Ukraine. L’état des casernes reste aussi «lamentable», pointe-t-elle. «Il manque des logements, des toilettes qui fonctionnent, des douches propres, des casiers, des installations sportives couvertes, des cuisines pour les troupes, des installations d’encadrement, des dépôts de munitions et des armureries, sans oublier le wifi», a-t-elle détaillé, chiffrant «l’énorme besoin d’investissement à 50 milliards d’euros». Ces investissements sont d’autant plus nécessaires, selon elle, que les effectifs ont augmenté de 12 % l’an dernier, pour passer la barre des 180 000. Le taux d’abandon au cours des six premiers mois reste toutefois «trop élevé», atteignant 21 % dans certains secteurs de l’armée. Olaf Scholz avait affirmé fin septembre vouloir que l’Allemagne dispose de la «force armée la mieux équipée d’Europe». Mais plusieurs décennies de sous-investissements dans la Défense ont rendu la tâche titanesque. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a chiffré à 10 milliards d’euros supplémentaires chaque année les besoins budgétaires de la Bundeswehr. Ainsi, les promesses de Scholz semblent n’avoir été qu’un coup de communication au moment de l’attaque russe. Une volonté de prouver à son peuple que l’exécutif ne restait pas les mains ballantes alors que Moscou se lançait dans une guerre avec l’allié ukrainien. Surtout que Berlin, malgré les injonctions au boycott, avait encore désespérément besoin du gaz russe pour subvenir à ses besoins en énergie.

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