La quatorzième édition du Festival national du théâtre professionnel d’Alger est marquée par des représentations de haut niveau. Le public, qui a apprécié dès le premier jour les prestations des participants, vient chaque jour en masse pour assister aux spectacles.
Par Abla Selles
Vendredi, la pièce de théâtre «Arlequin, valet des deux maîtres», comédie populaire italienne du XVIIe siècle, revisitée et mise à jour dans une adaptation libre aux contours du théâtre d’El Halqa, a été présentée dans le respect des mesures d’hygiène sanitaire liées à la pandémie de Covid-19.
Durant 80 mn, le public du Théâtre national a savouré tous les moments du spectacle, entré en compétition du 14e Festival national du théâtre professionnel. Mis en scène par Ziani Cherif Ayad, sur une dramaturgie de Mohamed Bourahla tirée de la traduction du texte original de Carlo Goldoni, réalisée en 1993 par le regretté dramaturge et comédien Abdelkader Alloula, «Arlequin, valet des deux maîtres» est une fusion des genres qui a englobé plusieurs registres de théâtre. N’ayant gardé que les événements de l’histoire originelle, les comédiens, dans des accoutrements variés, ont brillamment déplacé le repère spatio-temporel de la trame, vers les temps et lieux actuels, s’imprégnant de la richesse du patrimoine oral et culturel de l’ouest algérien.
Arlequin dans la halqa, une combinaison réussie à la créativité singulière, qui a donné libre cours à des artistes, bien inspirés, évoluant dans un jeu de rôles libre et spontané, dans la technique du «théâtre dans le théâtre», se substituant parfois au public, dans un spectacle comique et burlesque.
La scénographie signée par le grand Arezki Larbi, qui a consisté en une grande scène arrondie délimitant le repère spatial de la trame, entourée de quelques sièges de fortune, a été un élément dramaturgique déterminant dans l’orientation de la conception du spectacle, également soutenu par un éclairage judicieux aux atmosphères feutrées.
La bande son, faite d’extraits et de thèmes musicaux renvoyant au patrimoine de l’ouest algérien, a été rendue en temps réel par le duo Sensabil Baghdadi au oud et au violon et Youcef Gouasmi à la percussion.
Dans un bel hommage à Abdelkader Alloula qui «perpétue son esprit», le méta théâtre et la fusion de deux genres de théâtres de rue ont permis de rendre une histoire universelle connue de tous dans «une forme locale bien de chez nous».
Fille unique de Pantalon (Djahid Dine El Hennani), un riche marchand vénitien, Clarisse (Amina Belhocine) vit les derniers arrangements en vue de son mariage avec Silvio (Amine Rara), fils du docteur Lombardi (El Hani Mahfoud), lorsqu’intervient Arlequin (Mustapha Merabia) pour annoncer la visite de son nouveau maître Federigo Rasponi, premier fiancé de Clarisse, pourtant supposé mort à Turin, assassiné dans une embuscade.
A. S.