L’inflation en Argentine, qui avait battu en 2022 un record sur trois décennies (à 94,8 %), a poursuivi sa spirale en ce début 2023, avec en avril une hausse des prix de 8,4 % sur un mois, portant l’inflation à 108,8 % sur un an.
L’indice d’avril, publié vendredi par l’Institut national de la statistique (Indec), a confirmé une progression graduelle mais continue depuis les 6 % de janvier. L’augmentation du coût de la vie cumulée depuis le 1er janvier atteint 32 %.
Un avril à 8,4 % représente la hausse mensuelle la plus élevée depuis 21 ans. Et un coup dur pour la coalition (centre-gauche) au pouvoir, qui continue de miser sur une relative maîtrise inflationniste dans le courant de l’année, dans la perspective
d’élections générales en octobre.
Le président Alberto Fernandez a souligné vendredi l’impact, sur l’indice d’avril, de l’effritement du peso à la fin du mois. La devise argentine avait alors perdu en une semaine 20 % de sa valeur, tombant autour de 500 pesos pour un dollar (au cours informel), avant de remonter à 470 pesos. M. Fernandez avait dénoncé des attaques spéculatives d’opérateurs financiers proches de l’opposition de droite.
Vendredi, il a relevé le rôle d’une «inflation psychologique ou autoconstruite», avec chez nombre d’Argentins, dans le commerce en particulier, «la supposition qu’il pourrait y avoir une dévaluation, du coup ‘’dans le doute on augmente les prix’’». La hausse des prix d’avril a surtout été tirée par les secteurs de l’habillement, de l’alimentation, de la restauration, selon l’Indec.
Troisième économie d’Amérique latine, l’Argentine est engluée depuis plus de douze ans dans une inflation à deux chiffres, aux causes multiples tant internes qu’externes, et où pèsent les habitudes ancrées d’anticipation inflationniste.
Cette dérive inflationniste ainsi que la dépréciation du peso contrastent avec l’activité soutenue du pays depuis deux ans
(10,3 % de croissance économique en 2021, 5,2 % en 2022). Et surtout elles rognent les pouvoirs d’achat, voyant décrocher de plus en plus d’Argentins.
Ainsi la pauvreté, qui avait progressivement reculé depuis deux ans, a rebondi en 2022 avec 39,2 % de la population, soit plus de 18 millions de personnes en situation de pauvreté en fin d’année.
Dans son dernier bulletin résumant les attentes d’analystes et consultants des marchés, la Banque centrale argentine rapportait début mai la projection d’une inflation à plus de 126 % sur l’année 2023.
Brésil : ralentissement de l’inflation en avril à 4,18 %
L’inflation a poursuivi son ralentissement sur un an au Brésil en avril pour le 10e mois consécutif à 4,18 %, selon les données publiées vendredi qui vont conforter le président Lula dans son bras de fer avec la Banque centrale sur les taux d’intérêt.
Le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva ne cesse de critiquer la Banque centrale qui maintient le taux réel le plus élevé du monde (13,75 %), freinant selon lui la reprise économique et l’emploi.
L’inflation s’était élevée à 4,65 % sur un an en mars, son plus faible niveau depuis octobre 2020, lorsqu’elle s’établissait à 3,92 %, selon les statistiques publiées par l’Institut brésilien des statistiques IBGE.
La hausse des prix le mois dernier a été de 0,61 %, contre 0,71 % en mars, davantage que les 0,55 % escomptés par un panel d’économistes sélectionnés par le quotidien économique «Valor».
Kamel L.