Réclamée par des oulémas musulmans et plusieurs chefs de partis et responsables après ses propos provocateurs, le prédicateur marocain, Ahmed Raïssouni, a présenté, hier, sa démission de la présidence de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) qui a été acceptée le même jour.
Par Thinhinane Khouchi
uelques jours après avoir appelé les Marocains au «djihad» et à une marche millionnaire sur le territoire algérien afin de récupérer Tindouf, le Marocain Ahmed Raïssouni a présenté, hier, sa démission de la présidence de l’Union internationale des oulémas musulmans qui a été acceptée par les membres du secrétariat général de l’union, selon le président de l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA), Abderezzak Guessoum. Dans sa lettre de démission publiée sur les réseaux sociaux, Raïssouni a écrit : «Soucieux de préserver ma liberté d’expression, sans conditions et sans pressions, j’ai décidé de présenter ma démission de la présidence de l’Union internationale des oulémas musulmans», ajoutant : «Je suis en concertation avec le secrétaire général en vue d’actionner la décision, conformément aux deux articles 21 et 22 du règlement de l’Union». Selon le président de l’Association des oulémas musulmans algériens, «la démission du Marocain Ahmed Raïssouni de la présidence de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM) a été acceptée par les membres du secrétariat général de l’Union». Dans une déclaration, Guessoum a précisé que les membres du secrétariat général de l’Union internationale des oulémas musulmans qu’il a contactés «lui ont confirmé que la démission a été présentée et acceptée conformément aux statuts de l’Union, qui prévoient, en cas de démission, la tenue, quelques mois après celle-ci, d’une Assemblée générale extraordinaire pour l’élection d’un nouveau président». Ahmed Raïssouni avait fait des déclarations hostiles à l’Algérie et à la Mauritanie, qui ont été largement condamnées, d’autant que ces déclarations qui prônent l’extrémisme et appellent à s’en prendre à des peuples musulmans émanaient du représentant d’une instance internationale censée promouvoir la paix et la solidarité au nom de l’Islam. L’Association des Oulémas musulmans algériens avait décidé de geler ses activités au sein de l’Union internationale des oulémas musulmans suite aux propos provocateurs contre l’Algérie du président de cette instance, le Marocain Ahmed Raïssouni. En effet, Abderezzak Guessoum, président de l’AOMA, avait annoncé le gel des activités de l’Association à l’UIOM, jusqu’à ce que «des excuses solennelles et sans équivoque» soient faites par son président, Ahmed Raïssouni, ou sa démission de ce poste. En outre, il est à noter que la Commission de la fatwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait également condamné mercredi dernier les propos provocateurs de Ahmed Raïssouni, qui a tenté d’allumer les feux de la fitna dans la région, soulignant qu’«il fait ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes». «Les propos de Raïssouni portent une incitation claire et un appel explicite à attaquer la souveraineté des Etats. Mal lui en a pris d’attiser le discours de haine et d’appeler à allumer les feux de la fitna entre les peuples, les Etats et les gouvernements de la région», avait précisé la Commission de la fatwa dans un communiqué, ajoutant que Raïssouni «a tenté vainement de revêtir ces élucubrations et ces divagations du sceau du djihad en les reliant à des thèses illusoires et infondées, rejetées par la religion, la raison, l’histoire et la réalité, faisant ainsi sienne l’idéologie des groupes terroristes extrémistes». «Le véritable djihad est celui dont nos aïeux ont porté l’étendard dans cette terre bénie lorsque, répondant à l’appel de la religion et de la patrie, ils se sont levés contre l’occupation française, sacrifiant leur argent et leurs vies. Et c’est le même djihad mené aujourd’hui par les enfants du peuple palestinien contre l’entité sioniste occupante», a soutenu la Commission de la fatwa. «L’auteur de ces propos graves et insensés, qui s’est approprié la doctrine expansionniste du Makhzen, a voulu attenter à la souveraineté de deux états voisins, en l’occurrence l’Algérie et la Mauritanie, faisant fi des règles et des lois internationales et des principes de bon voisinage, ainsi que de la morale islamique dont tout un chacun doit se prévaloir, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un individu qui prétend être versé dans les sciences de la Charia islamique», a estimé la Commission. Par ailleurs, les propos polémiques de Raïssouni avaient suscité de vives réactions, à commencer par l’organisation qu’il préside, qui, à travers un communiqué, a affirmé que «les propos de Raïssouni expriment uniquement son opinion et n’engagent aucunement l’opinion de l’Union». Des partis politiques ont également exprimé leurs avis sur les déclarations de Raïssouni.
T. K.