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samedi 20 avril 2024

Après une relation minimale, une rupture sans douleur

La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, à quoi l’Algérie a fini par se résoudre, n’est certes pas dans l’absolu ce qu’il y a de mieux à faire envers un pays si proche par bien des côtés, mais il semble bien qu’il n’y ait plus que cela pour espérer arrêter chez lui une dérive en train de s’accentuer, de le faire s’affranchir des règles élémentaires régissant le bon voisinage. Il vaut toujours mieux répondre, au moins dans un premier temps, par le fracas d’une rupture, à tout prendre symbolique vu l’état minimal des relations existantes, que par un acte d’hostilité caractérisé consistant à soutenir des organisations terroristes, ce qu’a fait le Maroc en reconnaissant l’une d’elles. Dans ces conditions, seuls les Algériens établis au Maroc, et les Marocains vivant en Algérie, peuvent subir dans l’immédiat les conséquences de cette rupture, tout le reste ne présentant pas un caractère d’urgence. Or en annonçant la rupture, Ramtane Lamamra, a bien fait savoir que rien ne changeait pour ces gens constituant le lien vivant entre les deux pays, qu’en particulier les consulats restaient ouverts à leur service. Fermeture des ambassades, donc, ou plus probablement simple rappel des ambassadeurs, ou même maintien de ceux-ci comme de leur administration, à charge pour tous de se faire le moins apparent possible.

En revanche, nul changement pour leurs annexes recevant du public, c’est-à-dire les consulats. Ce qui montre bien que les diplomates des deux pays se sont parlé avant l’annonce officielle de la rupture, et que leurs échanges n’ont pas été totalement infructueux. La vérité, c’est qu’on peut couper tous les ponts avec un pays lointain, mais pas avec un voisin avec lequel on partage une frontière. Il y aura toujours un va-et-vient entre voisins, quoi que fassent les autorités, et aussi grandes que soient les tensions entre elles. Alors mieux vaut pour elles se mettre à son service, ne serait-ce que pour avoir le sentiment de le réguler. Le Maroc a dit regretter la décision algérienne, à ses yeux non justifiée, mais être certain toutefois que la crise est passagère. Sous-entendu : qu’Alger finira par se ressaisir, et par renouer ces mêmes relations qu’il vient de rompre. Cette hauteur de vue, ce calme olympien, cette mesure dans le propos, c’est bien entendu pure affectation. Il n’y aurait pas eu de rupture si son représentant à l’ONU n’avait pas distribué un document provocateur lors d’une réunion du Mouvement des non-alignés reconnaissant les droit des Kabyles à l’autodétermination. Et s’il n’avait pas laissé le ministre israélien des Affaires étrangères s’en prendre à l’Algérie depuis son territoire, du jamais vu dans le monde arabe. Néanmoins, un seul de ces actes n’aurait sans doute pas suffi à provoquer la rupture. Leur combinaison a été ressentie comme un coup porté en traître, comme la preuve que le Maroc ne reculait plus devant rien, qu’il ne se connaissait pas de limite, mais pas nécessairement comme une sorte de déclaration de guerre. Là-dessus surviennent les incendies. Ce ne sont pas pourtant pas leurs ravages qu’il faut incriminer en premier, mais bien le lynchage de Djamel Bensmaïl par une foule assoiffée de sang, dans laquelle des membres du Mak. On oubliera les incendies, et vite. On n’oubliera pas le lynchage, qui lui est à la fois un avertissement et un tournant politique.

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