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jeudi 1 juin 2023

Après l’Ukraine, quelle nouvelle cible pour la Russie ?

Au troisième jour de la guerre en Ukraine, l’étau s’est resserré sur Kiev, sans qu’il soit possible pour autant d’affirmer que la ville est entièrement encerclée, et que l’assaut sur ses centres de décision sera bientôt lancé, auquel cas sa chute serait une affaire de quelques heures seulement. Le fait que les Américains aient déjà proposé au président ukrainien de l’exfiltrer mais qu’il ait refusé, tend à prouver deux choses qui ne sont pas contradictoires : d’une part que la bataille de Kiev est pour ainsi dire finie avant même que de commencer véritablement, et de l’autre qu’elle ne l’est toutefois pas encore au point qu’il ne reste plus que la sortie de scène pour Volodymyr Zelensky. Les yeux du monde sont concentrés autant sur lui que sur les opérations militaires en cours ici et là dans le pays. Et pour cause, on saura que la guerre est pour l’essentiel terminée à l’instant où il aura quitté le pays, ou qu’il lui sera arrivé un malheur, une arrestation ou quelque chose de plus grave encore, ce que personne ne lui souhaite. Le plus probable toutefois est qu’il ne tardera pas à accepter la proposition américaine. A l’allure où elle va, cette guerre sera bientôt terminée. On se demande même si elle durera plus d’une semaine. Les Américains, qui la suivent de près, ont déjà fait savoir qu’à leur avis elle ne prendrait pas plus de quelques jours, il est vrai sans plus de précision.

En fait, eux-mêmes et leurs alliés sont déjà dans le jour d’après. A une Ukraine pro-occidentale va succéder une Ukraine prorusse, ce qu’était déjà celle d’avant le coup de force de 2014. Cette alternance aurait pu se poursuivre longtemps, n’était l’élargissement à l’est de l’Otan, qui pour sa part a non seulement atteint ses limites mais est tenu désormais d’inverser son cours, commencé dès après la chute de l’Union soviétique, au vu de la détermination de la Russie à lui faire faire marche arrière. La grande question que tout le monde se pose, et plus que tous l’Otan, est de savoir ce que compte faire ensuite la Russie, elle qui n’a envahi l’Ukraine que parce que ses demandes de garanties sécuritaires n’avaient pas été prises en compte. Les Etats-Unis et l’Otan auraient pu éviter cette guerre s’ils avaient donné à la Russie l’assurance que l’Ukraine ne serait jamais intégrée à leur camp. Pour autant, ils n’auraient pas été quittes avec la Russie, qui leur demandait plus que cela en effet, le retour à la situation sécuritaire qui prévalait en Europe avant 1997. Or une Otan qui au lieu de continuer de progresser à l’est se met à refluer vers l’ouest est une Otan condamnée à connaître le même sort que le pacte de Varsovie : la dissolution. L’Otan n’existe que dans un constant mouvement sur Moscou. Elle laisse la Russie envahir l’Ukraine non pas seulement parce que ce pays n’est pas membre de l’Otan, mais parce qu’elle ne veut pas d’une guerre avec la Russie. Mais demain quand celle-ci lui demandera de démanteler des installations en Roumanie tout en abandonnant l’idée de les renforcer par d’autres de même nature en Pologne, car non moins menaçantes toutes que l’intégration de l’Ukraine, elle devra aussi céder si elle ne veut toujours pas d’une guerre avec une puissance nucléaire de premier ordre comme l’est la Russie. Les mêmes raisons qui l’ont poussée à laisser la Russie envahir l’Ukraine pro-occidentale pourraient l’amener à ne pas aller jusqu’au bout de son projet de bouclier antimissile en Europe. C’en sera alors fini d’elle. Lorsqu’en 2008, le président Obama a abandonné, ou seulement fait ajourner, l’installation en Pologne d’un système de défense anti-missile, la Russie ayant menacé d’intervenir militairement contre lui, la France et l’Allemagne s’en étaient félicitées tant était grande leur crainte que la Russie joigne l’acte à la parole. Leur crainte serait encore plus justifiée aujourd’hui.

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