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mercredi 29 mars 2023

Après les chars d’assaut, les avions de combat

Les chars promis à l’Ukraine sont encore loin d’être arrivés à destination qu’il est déjà question de lui envoyer des avions de combat américains F-16, et par centaines, un pas supplémentaire vers l’entrée en guerre que la Pologne se montre tout disposée à accomplir pour sa part, comme si réellement cela ne dépendait que d’elle. En fait, ces avions ayant été achetés par elle, elle ne peut les céder à un tiers qu’avec l’accord de leur fabricant. De sorte que lorsque le président américain oppose un refus catégorique à l’envoi d’avions, se contentant de chars, c’est juste le contraire qu’il faut comprendre, puisqu’il laisse faire la Pologne, et dans le même temps tous ceux des membres de l’Otan qui voudraient suivre son exemple. On sait du moins par quel biais la guerre sortira de l’Ukraine pour passer en Europe, dans la mesure où cela est inévitable. Ce sera par la Pologne, le membre de l’Otan depuis le début le plus engagé dans la cobelligérance, pour employer un terme à la mode, sans grande signification à vrai dire. Le seul pays européen qui se montre aussi déterminé à engager sans plus attendre les hostilités directes avec la Russie, c’est la Grande-Bretagne, qui elle toutefois est loin. Mais sous couvert de Grande-Bretagne, ce sont en fait les Etats-Unis qui sont à l’œuvre.

Du temps où les Allemands hésitaient encore à envoyer leurs chars, ils s’opposaient aussi à ce que l’un ou l’autre de leurs alliés en disposent à sa guise. Mais dès l’instant où ils avaient donné leur autorisation, à la Pologne notamment, ils n’ont guère tardé à faire savoir qu’ils se décidaient à faire comme elle. Il ne serait donc pas étonnant que les Etats-Unis annoncent bientôt qu’eux aussi livreront des avions à l’Ukraine. Cependant donner est une chose, faire parvenir une autre, et tirer avantage de l’envoi en est une troisième. D’ici à ce que les chars et les avions destinés à l’Ukraine soient opérationnels, bien des choses peuvent se produire, et d’abord l’offensive russe dans la perspective de laquelle se fait justement ce réarmement à un palier supérieur de l’Ukraine. Avant même qu’elle soit effective, des batailles en cours, comme celle de Bakhmout, en cours depuis des mois, peuvent prendre fin, et dans ce cas en faveur des Russes, comme tout le laisse indiquer. D’une façon générale, plus la Russie aura gagné du terrain dans cet intervalle, moins l’Ukraine recevra d’armes au bout du compte. Cette logique prévaudra aussi longtemps que les Occidentaux ne se seront pas décidés à se lancer dans la guerre avec leurs propres soldats. Dans ce cas seulement en effet, armer l’Ukraine pour qu’elle puisse vaincre la Russie cessera d’être un impératif. Mais alors la guerre actuelle aura cédé la place à une autre opposant la Russie, et probablement aussi la Biélorussie, du moins dans un premier temps, aux puissances occidentales les plus antirusses, car elles ne le sont pas toutes au même degré. Il en est même qui ne le sont pas, ou pas suffisamment en tout cas pour se laisser entraîner dans la guerre, ainsi de la Hongrie et de la Turquie. Si la guerre doit sortir de son cadre actuel, ce ne sera pas nécessairement pour devenir un affrontement entre l’Otan dans son ensemble et la Russie. Des 30 membres que compte l’Otan, il n’y en aura qu’une poignée qui en réalité sautera le pas le moment venu, pour autant bien sûr que cette évolution s’avère inéluctable. L’Otan n’est pas une armée, c’est une alliance militaire, qui laisse libre de son choix final chacun de ses membres. Elle n’a pas de frontières, contrairement à ce qui est seriné sans relâche depuis bientôt une année. Or qui n’a pas de frontières n’a pas non plus de territoire à défendre.

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