Le nouveau gouvernement est appelé à gérer des dossiers difficiles dans une conjoncture exceptionnelle. L’exécutif chapeauté par Aymen Benabderrahmane est essentiellement attendu sur deux fronts, l’un économique, l’autre social.
Par Aomar Fekrache
Gérer les équilibres financiers tout en répondant aux exigences d’ordre social est l’équation à résoudre. Malgré la hausse relative des prix du baril et les efforts consentis pour baisser la facture d’importation et augmenter les exportations, la situation financière du pays demeure fragile. Le Premier ministre (actuellement confiné pour une semaine), qui dirige également le ministère des Finances, pourrait assurer, de par sa double casquette, une meilleure gestion financière et faire des arbitrages adéquats. Mais cela ne saurait suffire sans que les conditions d’un décollement de l’appareil économique ne soient mises en place. Améliorer le climat des affaires et parvenir à attirer des IDE nécessite la conjugaison des efforts de différents départements. Les ministres de l’Industrie, celui de l’Energie et des Mines ainsi que le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations auront certainement du pain sur la planche. L’exploitation dans les meilleurs délais des ressources minières dont regorge le pays, lutter efficacement contre la bureaucratie qui freine les investissements et décourage les exportateurs, devraient constituer une urgence. Le débat sur la nécessité de ne plus compter sur le baril de pétrole est tranché et l’heure est à la diversification de l’économie pour assurer l’autosuffisance et renflouer les caisses de l’Etat en comptant sur des secteurs porteurs tels que l’Agriculture et le Tourisme. Deux secteurs à grandes potentialités mais qui souffrent d’un retard et d’un désintérêt chronique. Hormis l’aspect économique, le gouvernement Benabderrahmane doit aussi répondre à des revendications de plus en plus pressantes, liées notamment au front social, à l’emploi et au logement. Si les syndicats ont mis en veilleuse leurs revendications, en raison des vacances d’été, il faudrait toutefois s’attendre, à la rentrée prochaine, à une nouvelle levée de boucliers, pour notamment des augmentations de salaires, justifiées par une érosion continue du pouvoir d’achat des travailleurs. La problématique du chômage aggravée par la crise sanitaire n’est pas pour rendre les choses faciles à l’exécutif, censé avoir un plan, à court et moyen terme, pour caser des milliers de jeunes diplômés ou non, qui arrivent chaque année sur le marché du travail. L’autre secteur à ne pas perdre de vue et qui laisse des milliers d’Algériens sur le qui-vive est celui de l’Habitat. Des milliers de logements sont en construction ou en attente de lancement pour des citoyens qui attendent, depuis des années, un toit décent. Malgré la crise, les projets de logements permettent la création de milliers de postes d’emploi et de recaser des familles mal logées et tenaillées par de longues années de location à des prix prohibitifs. Tout compte fait, le gouvernement est censé d’un côté se montrer réaliste et pragmatique et de l’autre savoir répondre et prendre en charge des lacunes qui compliquent davantage la vie du simple citoyen.
A. F.