Les relations entre la France et la Turquie se sont énormément dégradées ses vingt dernières années notamment au départ, du fait de l’opposition de nombreux politiques français à l’adhésion d’Ankara à l’Union Européenne. La proposition de loi sur la négation du génocide arménien, finalement censurée par le Conseil constitutionnel, avancée par les équipes du président Nicolas Sarkozy en 2011 avait été le prétexte pour Recep Tayyip Erdogan d’invectiver violemment la France et ses dirigeants. Les mesures prises par Emmanuel Macron en 2019 pour lutter contre l’islamisme avait fini de brûler le torchon entre Ankara et Paris. Aujourd’hui toutefois les présidents turc et français semblent vouloir tourner la page. Les deux chefs d’État se sont entretenus à Bruxelles, et se sont entendus pour des actions humanitaires en Ukraine. Après une longue période de tension entre Paris et Ankara, Emmanuel Macron espère « pouvoir avancer » avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, avec lequel il s’est entretenu cette semaine à Bruxelles, où ils se sont entendus pour des actions humanitaires en Ukraine. Ils ont également décidé de mener « des opérations humanitaires communes », notamment à Marioupol, une ville de l’est de l’Ukraine soumise à un siège et des bombardements dévastateurs depuis des semaines de la part de l’armée russe. Chacun de leur côté, les deux présidents ont pris des initiatives pour chercher une issue diplomatique à la guerre, Recep Tayyip Erdogan ayant proposé d’accueillir en Turquie un sommet réunissant Ukraine et Russie. Selon le président français, la situation créée par la crise ukrainienne est l’occasion d’une « clarification stratégique » de « la part de la Turquie dans notre relation » au sein de l’Otan, et sur les dossiers « de la Libye ou du Proche et Moyen-Orient ». Il s’agit de « pouvoir avancer sur beaucoup de dossiers qui parfois nous avaient séparés », ce qui est « un élément positif dans un contexte lourd ». Cette rencontre est intervenue alors que Paris et Ankara cherchent depuis plus d’un an à améliorer la relation bilatérale, affectée par une série de contentieux sur la Méditerranée orientale, où un incident a opposé des bâtiments turc et français en juin 2020, la Libye ou la Syrie. En octobre 2020, Recep Tayyip Erdogan avait mis en cause la « santé mentale » d’Emmanuel Macron et l’avait accusé de mener une « campagne de haine » contre l’islam. La guerre d’Ukraine pourrait ainsi être l’occasion pour les deux pays de retrouver une relation apaisée. Reste à voir combien de temps cette entente retrouvée pourrait durer et combien de temps il faudra pour le président turc à se lancer une fois encore dans les provocations et outrages qui ne lui sont que trop coutumières.
Fouzia Mahmoudi