Si aujourd’hui beaucoup pointent du doigt le président brésilien dans sa gestion du Covid-19, le rendant responsable des plus de 365 000 morts au Brésil, en réalité le pays, qui est composé d’États fédéraux à l’exemple des États-Unis, a connu plusieurs gestions de la pandémie. En effet, les gouverneurs des 26 États brésiliens ont tous géré la crise sanitaire de façon différente. Toutefois, Jair Bolsonaro, président brésilien, continue à être, surtout en dehors du Brésil, accusé d’être à l’origine de la grosse mortalité du pays. C’est dans ce contexte que la Cour suprême du Brésil a pris jeudi une décision très favorable à Luiz Inacio Lula da Silva, en confirmant l’annulation des condamnations pour corruption de l’ex-président de gauche, le rendant éligible pour la présidentielle de 2022. «C’était un très gros mensonge. Mais mes avocats ont prouvé que c’était une imposture. Le juge a menti, les avocats ont menti, la police fédérale a menti, pour m’éloigner de la campagne électorale. Maintenant je suis prêt pour le combat», a réagi l’ex-président (2003-2010) dans un entretien à la chaîne de télévision argentine C5N. «Avec cette décision de la Cour suprême, Lula est candidat», a commenté de son côté le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, laissant entendre que la population devrait s’inquiéter pour l’«avenir du Brésil» si l’icône de la gauche revenait au pouvoir. Par une large majorité de 8 contre 3, les juges réunis en séance plénière ont confirmé la décision du juge Edson Fachin, qui avait estimé début mars que le tribunal de Curitiba (sud), qui avait condamné Lula dans deux procès, n’était «pas compétent». Ils ont donc également confirmé de facto que l’ex-chef de l’État était redevenu éligible à un troisième mandat et qu’il pourrait affronter Jair Bolsonaro au scrutin de l’an prochain. «Si Lula revient par le vote, tout va bien. Mais imaginez quel sera l’avenir du Brésil avec le type de personnes qu’il amènera avec lui au gouvernement», a commenté le Président Bolsonaro lors de son direct hebdomadaire sur Facebook. Lula, âgé de 75 ans, n’a pas encore confirmé officiellement qu’il serait candidat, même s’il a déclaré à plusieurs reprises qu’il se tenait prêt à revenir dans l’arène politique le moment venu. S’il semble pour le moment prendre cela à la légère, le Président brésilien pourrait toutefois être sérieusement menacé par une candidature de l’ex-chef d’État de gauche radicale. Surtout que la gravité de la crise sanitaire qui frappe le Brésil est imputée pour beaucoup de ses opposants à Bolsonaro et à sa politique quasi «négationniste» vis-à-vis du coronavirus dont il a toujours nié la gravité. Reste à voir comment les Brésiliens accueilleront une possible candidature de Lula et s’ils seront prêts, plus de dix ans après, à lui confier une fois encore leur pays.