Si durant les premières années suivant l’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis, Donald Trump, malgré toutes les controverses l’entourant, semblait être le seul candidat crédible du Parti républicain, les choses ont depuis bien changé. Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, qui a fait de son État un laboratoire pour les idées conservatrices, se montrant particulièrement dur sur les questions de l’immigration, du genre ou encore sur
l’avortement, apparaît désormais comme un candidat sérieux pour la course à la Maison-Blanche de 2024. Il devrait d’ailleurs annoncer sa candidature à la prochaine présidentielle américaine cette semaine, lors d’une conversation en direct sur Twitter avec Elon Musk. Cette information a été rapidement confirmée par le patron du réseau social. «Je vais interviewer Ron DeSantis et il a une sacrée annonce à faire», a-t-il déclaré lors d’un échange avec le «Wall Street Journal». Cette déclaration serait d’ailleurs une véritable déclaration de guerre à Donald Trump, qui se considère comme le seul véritable espoir des conservateurs de récupérer le pouvoir aux États-Unis. En effet, l’ex-officier de marine de 44 ans, qui partage les idées du milliardaire mais pas les outrances, est l’obstacle principal de l’ancien président sur sa route vers l’investiture républicaine. Réélu triomphalement à la tête de la Floride en 2022, Ron DeSantis fait quasi quotidiennement les gros titres des journaux américains pour sa guerre contre l’idéologie «woke». «La Floride est le tombeau du wokisme», déclarait-il en novembre, se jetant sans réserve dans les «guerres culturelles», des controverses autour de sujets tels que l’enseignement sur le racisme ou le genre, à coups de décisions très conservatrices et disputées. En 2012, Ron DeSantis remporte un siège à la Chambre des représentants, auquel il sera réélu deux fois. En 2018, il devient gouverneur avec une mince majorité après avoir multiplié les signes d’allégeance à Donald Trump. Dans un clip de campagne, il monte avec sa fille un mur en cubes colorés, en référence au projet du président républicain à la frontière avec le Mexique. Quasiment inconnu au bataillon avant cette victoire surprise, il se fait un nom à l’échelle nationale pendant la pandémie de Covid-19 avec un discours hostile aux mesures sanitaires. Ron DeSantis s’est aussi joint récemment aux gouverneurs républicains du Texas et de l’Arizona pour envoyer des migrants vers les villes démocrates du nord et de l’est du pays. «Le problème avec DeSantis, c’est qu’il aurait besoin de se faire greffer une personnalité», moquait récemment Donald Trump sur son réseau, Truth Social, pointant du doigt sa personnalité «trop lisse», voire distante. Étudiant brillant, issu de la classe moyenne, qui a gravi seul les échelons, époux dévoué ayant soutenu sa femme face à un cancer du sein, vétéran décoré, le portrait élogieux de Ron DeSantis par ses partisans a tout pour exaspérer Donald Trump. L’ancien président, adepte des surnoms accrocheurs, a voulu lancer contre le gouverneur catholique de Floride celui de «Ron DeSanctimonius», que l’on peut traduire par «Ron-la-Morale» ou «Ron-l’enfant de chœur». Toutefois, le succès du jeune gouverneur auprès des institutions et médias conservateurs est loin d’être un gage de réussite. Trump, en 2016, avait littéralement tous les médias et l’ensemble des cadres du Parti républicain ligués contre lui, et il était tout de même parvenu à vaincre Hillary Clinton, donnée gagnante par tous les instituts de sondage, politologues et organes de presse. Ainsi, tout ce dont Trump aura besoin en 2024 est le soutien des électeurs conservateurs, qui semblent encore nombreux, pour le moment, malgré tous ses ennuis judiciaires, à le soutenir.