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vendredi 19 avril 2024

Ammar Nouacer (directeur régional, Sonatrach-Hassi Messaoud) au Jour d’Algérie : «La digitalisation du champ nous permet d’optimiser notre production»

En Algérie, le nom «Hassi Messaoud» rime avec pétrole. Des analystes évoquent de plus en plus que la région serait en passe de perdre sa place comme fleuron national de l’or noir. Loin s’en faut. Pour Ammar Nouacer, directeur régional de la compagnie nationale Sonatrach, Hassi Messouad «est toujours là et il le restera». Explication…

Par Mourad Hadjersi

Hassi Messaoud, commune de la wilaya de Ouargla, située à 800 kilomètres de la capitale Alger, est le cœur battant de l’extraction et la production pétrolières du pays. C’est une région qui contribue à la production nationale d’huiles à hauteur de 40 % et le premier puits a été foré en 1957 et mis en production un an après. Du point de vue technique, la surface du réservoir s’étale sur environ 3 300 kilomètres carrés et les profondeurs moyennes du champ sont de l’ordre de 3 400 mètres, avec une épaisseur de production du réservoir de 250 mètres en moyenne.
Hassi Messaoud se compose actuellement de deux champs principaux, le champ Sud et le champ Nord. Le champ Sud contient principalement les deux complexes (CIS – Centre industriel Sud et l’UTBS) de traitements et quelques satellites. «A partir de cette année, 2021, nous avons commencé le développement de ce champ en introduisant des champs périphériques-Sud», nous dira Ammar Nouacer qui est à la tête de la Direction régionale de la Sonatrach – Hassi Messaoud. Il y a le champ Nord qui comprend lui aussi deux principaux centres, Cina et Z-Cina. Comme il y a également quelques satellites au niveau du champ Nord qui sont de petits centres dont la mission consiste à rassembler la production et l’expédier vers les deux principaux centres, à savoir Cina et
Z-Cina.
Dans l’ensemble, le premier responsable de la région résume que «Hassi Messaoud totalise actuellement 1 980 puits dont un bon nombre non exploitables. Par ailleurs, il y a 980 puits qui produisent journellement et qui comprennent des puits producteurs et puits injecteurs (injection d’eau ou de gaz). Et pour la collecte de ces hydrocarbures, Ammar Nouacer avance que «la région dispose d’environ 9 000 kilomètres de pipes, tous diamètres confondus», sans omettre le volet ressources humaines que compte la région. «Nous avons
5 200 ingénieurs, techniciens et agents, dont 232 femmes, avec un âge professionnel moyen de onze à quatorze ans d’expérience, un repère de la jeunesse des effectifs afin d’assurer la relève et l’avenir du pays», dira-t-il.
A la question de savoir si la production du champ pétrolier de Hassi Messaoud est en train de décliner et qu’il ne sera plus le plus fleuron de l’industrie pétrolière, le directeur régional de la Sonatrach rassure que «la production est toujours maintenue, si ce n’est pas vers une tendance à l’augmentation qui serait prévue». «Quand on parle de l’étendue de Hassi Messaoud, précise-t-il, outre les champs Sud et Nord, actuellement on parle de ces champs et surtout de leurs champs périphériques et ce sont de ces derniers que la compensation va venir». Loin de se focaliser uniquement sur les nouvelles découvertes, le directeur régional de la Sonatrach insiste plutôt sur l’application des nouvelles technologies au niveau de Hassi Messaouad pour le développement des champs. «Nous sommes en plein dans la digitalisation du champ, c’est-à-dire qu’avant nous étions obligés de nous déplacer sur place pour voir les paramètres d’exploitation des puits, alors qu’aujourd’hui nous recevons ces paramètres au niveau central, donc c’est du non-productif time de gagné et la hausse de production en sus. En somme, avec ces nouvelles technologies, nous sommes en train de mieux optimiser et développer notre production, une sorte de maximalisation de la récupération des réserves».

Pandémie et incendie
La région a dû se confronter à la pandémie de Covid-19, comme toutes les autres régions du pays, sauf qu’ici les paramètres sont différents : c’est 40 % de la production pétrolière du pays et les puits devaient rester fonctionnels à plein régime. Toutefois, les professionnels de la Sonatrach ont dû affronter, durant le mois de mars de l’année dernière, un double défi, les prémices des premiers cas de Covid-19 et comme un malheur ne vient jamais seul, un grave incendie s’est déclenché dans un puits de la région. «Avec le Covid, nous avions une réduction de l’activité de 35 à 36 % de nos capacités. Le personnel sur site était face à un défi, et c’en était un, pour récupérer le puits MD244 en incendie», dira Ammar Nouacer avant de poursuivre : «Nous avons vécu la même situation de janvier jusqu’à début mars avec le précédent incendie du puits M 75 que nous avons pu maîtriser». Quant à la gestion intrinsèque à la pandémie, le premier responsable de la région précise qu’au début «nous étions carrément face à l’inconnu, un virus mortel et tout le monde avait peur. Pour une région qui contient quatre principaux centres avec leurs bases de vie, il ne fallait surtout pas que le virus s’installe sinon c’est toute la production et l’exportation qui vont s’arrêter. Toutes ces installations ne peuvent fonctionner sans la présence humaine». Notre interlocuteur s’explique : «Nous avons tout simplement respecté scrupuleusement le protocole sanitaire dès que nous avons constaté les premiers cas positifs, soit deux agents du catring. A partir de là, des cellules de crise et de surveillance ont été mises en place, outre l’application stricte du protocole sanitaire, un confinement total à la base de vie, personne ne sort sans un bon de sortie, de même que les visites ont été interdites. Nous avons arrêté un bon nombre de chantiers, ceux qui n’ont pas un apport direct sur la production». Dans l’ensemble, dit le premier responsable de la région, «l’idée était de rendre la base étanche en créant des zones tampons. A l’intérieur de la base, nous appliquons le protocole d’usage qui évolue selon la courbe épidémiologique. Au début, c’était la quatorzaine de confinement, puis le procédé a été allégé à une huitaine, notamment depuis le mois de septembre dernier, avec l’obligation d’un test à l’arrivée et un autre au cours de la semaine et des interventions d’exploration en cas de doute. Tout cela avant que nos agents ne regagnent leur lieu de travail. Et Dieu merci, nous avons maîtrisé la situation et éviter la contagion». Défi gagné, le pôle pétrolier de Hassi Messaoud a vaincu, jusqu’à ce jour, la pandémie et la production ne s’est pas arrêtée. Il fallait le faire.
M. H.

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