La tension monte en Ukraine. Alors que 120 000 soldats russes sont massés à la frontière ukrainienne, la crise s’est enflammée ces dernières heures. Au moment où les Etats-Unis affirment que la Russie pourrait envahir l’Ukraine à «tout moment», la diplomatie ukrainienne a déclaré, hier, qu’il était «extrêmement important de garder le calme».
Par Meriem Benchaouia
«En ce moment, il est extrêmement important de garder le calme, se consolider à l’intérieur du pays, éviter les actes qui déstabilisent la situation et sèment la panique», selon un communiqué du ministère ukrainien des Affaires étrangères. Les Etats-Unis ont affirmé vendredi que la Russie pourrait envahir l’Ukraine «à tout moment» dans les prochains jours, ravivant plus que jamais le spectre d’une guerre en Europe dans une accélération dramatique des événements après une phase d’intense diplomatie. «Les forces armées ukrainiennes suivent la situation et sont prêtes à riposter à toute atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine», poursuit la diplomatie ukrainienne. Kiev assure «être en lien 24 heures sur 24 avec tous les partenaires-clés» et recevoir rapidement des informations sécuritaires. «Nous continuons de travailler pour faire baisser la tension et mobiliser le soutien de nos partenaires internationaux, afin de maintenir la Russie dans le cadre diplomatique», ajoute le ministère ukrainien. Le président américain Joe Biden va s’entretenir au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, dans la foulée d’un coup de fil vendredi entre leurs chefs d’état-major. Un appel est aussi prévu entre le maître du Kremlin et le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron. La Russie a lancé hier de nouvelles manœuvres navales d’ampleur en mer Noire. Moscou mène également actuellement des exercices de préparation au combat au Bélarus, aux frontières de l’UE et de l’Ukraine.
Moscou commence à réduire sa présence diplomatique
La Russie a commencé à réduire sa présence diplomatique en Ukraine, affirmant, hier, craindre des «provocations» de la part des autorités ukrainiennes ou de «pays tiers». «Craignant de possibles provocations du régime de Kiev ou de pays tiers, nous avons en effet décidé d’une certaine optimisation du personnel des représentations russes en Ukraine», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe dans un communiqué, relayé par des médias, en réponse à une question de médias sur la réduction de sa présence chez son voisin pro-occidental. La Russie a déployé plus de 100 000 soldats aux frontières de l’Ukraine, près desquelles elle mène actuellement des manœuvres, faisant craindre aux Occidentaux une opération militaire contre Kiev. Moscou, qui a déjà annexé la Crimée en 2014, dément toute velléité agressive envers l’Ukraine, mais conditionne toute désescalade à une série d’exigences, notamment l’assurance que Kiev n’intégrera jamais l’Otan. Plusieurs séries de pourparlers ces derniers jours n’ont pas permis de progresser pour résoudre la crise que les Occidentaux décrivent comme l’une des plus dangereuses depuis la fin de la Guerre froide il y a trois décennies.
Les Américains appelés à quitter l’Ukraine, Moscou parle d’«hystérie»
Le département d’Etat américain a appelé les Américains se trouvant actuellement en Ukraine à quitter ce pays «maintenant», en raison de ce qu’il a qualifié de «menaces croissantes d’une action militaire russe», ont rapporté, hier, des médias. «Ne vous rendez pas en Ukraine en raison des menaces croissantes d’une action militaire russe et du Covid-19, ceux se trouvant en Ukraine devraient partir maintenant par moyens commerciaux ou privés», a-t-il dit dans un communiqué publié sur son site. Les Etats-Unis diffusent des informations qui, selon eux, prouvent que la Russie prépare une agression militaire contre l’Ukraine, tandis que Moscou accuse Washington de se montrer hystérique quant aux tensions entourant ce pays. Des discussions directes entre les Etats-Unis et la Russie ont généré peu de progrès substantiels, le Kremlin jugeant que la Maison-Blanche a échoué à résoudre ses principales inquiétudes en matière de sécurité.
Entretien entre Blinken et Lavrov
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a annoncé qu’il s’entretiendrait avec son homologue russe Sergeï Lavrov afin de trouver une solution à la crise entre la Russie et l’Ukraine. «Nous continuons à voir des signes très troublants d’escalade russe, notamment l’arrivée de nouvelles forces aux frontières de l’Ukraine», a déclaré M. Blinken lors d’une conférence de presse, hier aux Fidji. «Si la Russie est réellement intéressée à résoudre cette crise, qu’elle a elle-même créée, par la diplomatie et le dialogue, nous sommes prêts à le faire», a-t-il déclaré. «Mais cela doit se faire dans un contexte de désescalade. Jusqu’à présent, nous n’avons vu que de l’escalade de la part de Moscou», a-t-il ajouté. «C’est un moment charnière. Nous sommes préparés à tout ce qui pourrait arriver», a averti le chef de la diplomatie américaine. M. Blinken a une nouvelle fois assuré que Washington et ses alliés imposeront «rapidement» des sanctions punitives à la Russie si elle envahit l’Ukraine, ce qui, selon lui, pourrait désormais arriver «à tout moment». «Nous ne savons pas si le président Poutine a pris sa décision», a-t-il dit. «Mais ce que nous savons, c’est qu’il a mis en place une capacité à agir dans un délai très court».
M. B.