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vendredi 2 juin 2023

Alliés

Alors que Biden était il y a encore peu en Irlande pour renouer avec ses racines généalogiques, le ministre des Affaires étrangères russe était de son côté en tournée en Amérique latine pour renouer avec les alliés historiques de Moscou. Sergueï Lavrov a ainsi appelé la semaine dernière à une «union» pour contrer «le chantage» occidental. «Il est nécessaire d’unir nos forces pour contrer les tentatives de chantage et les pressions unilatérales illégales de l’Occident», a affirmé Lavrov lors d’une conférence de presse avec son homologue vénézuélien Yvan Gil, évoquant «un monde multipolaire». Lavrov s’est entretenu en soirée avec le président vénézuélien Nicolas Maduro. Après le Brésil, le Venezuela était la deuxième étape de la tournée de Lavrov en Amérique du Sud, suivie par le Nicaragua et finalement Cuba. «Le Venezuela, Cuba et le Nicaragua sont des pays qui choisissent leur propre voie», a-t-il déclaré. Ces trois pays d’inspiration socialiste, critiqués pour leurs carences démocratiques par des ONG de défense des droits humains, ont des relations difficiles avec les États-Unis et l’Union européenne. Le ministre russe a aussi abordé la guerre en Ukraine, assurant : «Nous allons résoudre la situation en Ukraine et d’autres conflits dans le monde grâce aux principes de la Charte des Nations unies sur l’équité souveraine des États, sur le principe de l’indivisibilité et de la sécurité». «Notre tâche consiste à veiller à ce que la Charte des Nations unies soit appliquée dans sa totalité et à ce que le droit à l’autodétermination ne soit pas supprimé lorsque cela convient à l’Occident», a-t-il ajouté. Après avoir essuyé des critiques américaines pour se faire «l’écho de la propagande russe et chinoise», le président brésilien Lula a pour sa part clairement condamné la «violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine» à l’occasion d’un déjeuner en l’honneur du président roumain Klaus Iohannis. «Mon gouvernement défend une solution politique négociée du conflit», a-t-il ajouté. Moscou fait face à des sanctions de la part de l’Union européenne et des États-Unis depuis son invasion de l’Ukraine et la violation de ses frontières internationalement reconnues. L’Assemblée générale de l’ONU a exigé fin février un retrait «immédiat» des troupes russes dans une résolution non-contraignante votée par 141 des 193 États-membres (7 ont voté contre) qui réaffirme l’«attachement» à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et appelant aussi à une paix «juste et durable». Le Venezuela est un allié-clé de la Russie depuis l’époque du président Hugo Chavez (1999-2013), qui avait à l’époque soutenu Moscou lors de la guerre en Géorgie en 2008. Le président Nicolas Maduro a exprimé à maintes reprises son soutien à la Russie et à Vladimir Poutine, avant et après le début de la guerre en Ukraine. Moscou a pour sa part apporté son soutien à Caracas face à la batterie de sanctions imposée par les États-Unis pour tenter, en vain, de déloger Maduro du pouvoir. En février 2020, Lavrov s’était rendu au Venezuela : une visite pendant laquelle il avait condamné les sanctions américaines, dénonçant là aussi un «chantage». Au niveau bilatéral, la Russie et le Venezuela ont annoncé avoir signé des accords concernant l’exploitation pétrolière et minière. «Nous sommes déterminés à continuer à progresser, en particulier dans le secteur de l’Energie», a affirmé le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, qui a aussi abordé le secteur du Tourisme. Ainsi, le Kremlin veille à ne pas oublier de maintenir ses relations avec ses alliés politiques et commerciaux, alors que l’Occident est de son côté soudé contre Moscou. Reste à voir si les Russes réussiront à garder assez d’alliés de leur côté pour éviter l’ostracisation totale, que ce soit de leur population ou de leur exécutif.

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