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jeudi 18 avril 2024

Allemagne: Les conservateurs se relancent dans la course à la succession de Merkel

Revigorés par leur large victoire dimanche lors d’un scrutin régional test, les conservateurs allemands ont marqué des points dans la bataille pour la succession d’Angela Merkel en septembre que leur disputent les Verts, actuellement en perte de vitesse.

Par Mourad M.

En quête impérieuse d’un succès pour assoir sa légitimité, Armin Laschet, le chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), est conforté dans son ambition de prendre le relais de la chancelière, qui se retirera après 16 ans de règne à l’issue du scrutin législatif du 26 septembre.
Dans la petite région de Saxe-Anhalt, son parti a engrangé 37,1 % des suffrages, selon les derniers résultats encore provisoires, améliorant de 7 points son score d’il y a cinq ans et distançant nettement l’extrême droite de Alternative pour l’Allemagne (AfD), son principal rival dans ce land de l’ancienne RDA communiste.
Le parti anti-migrant, qui au vu des sondages s’était pris à croire à une possible victoire, recule de plus de trois points avec 20,8 % des voix, mais reste toutefois – et de loin – la deuxième force politique de la région, l’une des plus pauvres du pays.
«Si la droite est unie, elle est pratiquement impossible à battre et sera en mesure de fournir le prochain chancelier», a déclaré le chef conservateur de Saxe-Anhalt, Reiner Haseloff, excluant toute alliance avec l’AfD.
Le résultat est une excellente surprise pour Armin Laschet, à trois mois et demi des élections générales. «Pour Laschet, c’est un cadeau», résume «Der Spiegel». Même s’il «n’est pas encore assuré d’accéder à la chancellerie (…) il s’en est nettement rapproché», abonde le quotidien «Süddeutsche Zeitung» dans un éditorial.
Impopulaire, contesté jusque dans ses propres rangs, Armin Laschet avait besoin de cette réussite pour rassembler ses troupes et consolider la position des conservateurs qui, après avoir chuté derrière les écologistes dans les intentions de vote au niveau national, ont repris la tête dans les sondages.
La CDU a traversé une grave crise de confiance, liée à la gestion gouvernementale de la troisième vague de l’épidémie de coronavirus, ratée selon certains, et aux scandales de corruption de ses députés lors de contrats d’achats de masques de protection.
La formation, qui avait subi deux cuisants revers en mars lors d’élections régionales, a aussi souffert d’une lutte interne acharnée : la candidature de M. Laschet était contestée par le chef du parti bavarois CSU, Markus Söder, jugé par beaucoup plus apte à mener la campagne nationale.
M. Laschet s’est imposé mais reste mal aimé dans le pays.
Même si la situation en Saxe-Anhalt n’est pas transposable au niveau national, Reiner Haseloff partage de nombreux points communs avec Armin Laschet, note «Die Zeit» sur son site.
«Il est un homme du centre, un homme de compromis. Certainement pas doté d’un grand charisme non plus, mais quelqu’un qui garde son calme dans les moments difficiles», estime l’hebdomadaire.
La victoire de la droite intervient aussi à un moment où les Verts, qui avaient connu un véritable engouement lors de la nomination de l’énergique Annalena Baerbock, 40 ans, comme candidate à la chancellerie, traversent une mauvaise passe.
Une affaire de primes non déclarées, un plaidoyer pour les ventes d’armes à l’Ukraine et une demande d’augmenter plus rapidement les prix de l’essence ont refroidi l’enthousiasme des Allemands.Le parti, qui est certes traditionnellement faible dans les régions de l’ex-RDA, n’a décroché que 5,9 % des suffrages en Saxe-Anhalt, en progrès mais bien moins que prédit par les sondages.
Il pourrait ainsi ne plus faire partie du gouvernement, M. Haseloff disposant d’autres options avec les sociaux-démocrates et les libéraux du FDP, qui font leur retour au Parlement et devancent même les écologistes avec plus de 6 % des voix.
«Nous avions espéré plus de ces élections régionales», a reconnu Annalena Baerbock, jugeant avoir fait les frais de la polarisation du vote entre conservateurs et extrême droite. Même analyse pour le centre-gauche du SPD qui enregistre un score décevant de 8,4 %.
Le résultat doit servir d’avertissement aux écologistes, estime le «Süddeutsche Zeitung», «comme un message (…) annonçant que les semaines à venir seront dures».
M. M.

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