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vendredi 29 mars 2024

Ali Bey Nasri dénonce un comportement «mercantile» de la part de l’Europe: L’Accord d’association avec l’UE est défavorable à l’Algérie

Si le gouvernement appelle à renégocier l’Accord d’association avec l’Union européenne article par article pour le rééquilibrer, l’Association nationale des exportateurs algériens est de ceux qui appellent à appliquer l’article 107 qui permet d’y renoncer.
L’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne est en déséquilibre et en défaveur de l’Algérie, notamment dans son volet commercial. L’accord a été mal négocié, a insinué le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Naceri, qui va plus loin encore : «Si cet accord se résume à la partie commerciale, je suis de ceux qui appellent à appliquer l’article 107 qui permet d’y renoncer». Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, l’expert illustre ce déséquilibre en citant plusieurs secteurs, tels les postes services, agricole et produits agricoles transformés. «Ce sont des secteurs qui ont été pratiquement verrouillés par l’UE», a dénoncé l’expert en commerce extérieur. Il a relevé également des erreurs d’appréciation, notamment l’abaissement du taux moyen pondéré des droits de douane, qui était de 32 % avant l’accord. Cette moyenne a été réduite à 18 % après l’accord, dira-t-il, expliquant que généralement «lorsqu’on va vers un accord, on a intérêt à augmenter les droits de douane et non pas les baisser». L’expert a rappelé que «les articles 11 et 40 de l’accord permettent, lorsqu’il y a des difficultés graves de la balance des paiements, que l’Algérie demande des mesures de sauvegarde». C’est ce que l’Algérie a fait en 2010, après la crise des subprimes, le baril était à 37 dollars, a-t-il rappelé. Ainsi, «l’Algérie a demandé un réaménagement de l’accord sur 3 ans qui concernait 1 054 produits industriels et 37 positions tarifaires dans les parties agricole et énergétique. Mais cela n’a pas suffi, car nous n’avons pas su mettre en place une économie et une industrie permettant de passer à l’offensive», a relaté Ali Bey Nasri.L’expert a également relevé que l’accord «est au profit exclusif de l’UE». Pour autant, il a constaté des contradictions dans cet accord et s’interroge sur ses fondements.
Si l’accord stipule que les relations doivent être équilibrées, «comment peut-on équilibrer les relations entre un pays en voie de développement et la première puissance économique du monde qui est l’Europe, premier exportateur mondial ?», s’est interrogé l’expert. «Cet accord commercial profite à 4 pays européens : en premier lieu la France, 25% des importations algériennes sont d’origine française, ce qui équivaut à quelque 80 milliards de dollars. Viennent ensuite l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Ces 4 pays totalisent 72 % des exportations européennes vers l’Algérie. Toute remise en cause de l’accord touchera d’abord ces 4 pays européens avec à leur tête la France», a expliqué le président d’Anexal.
Pour Ali Bey Nasri, «il faut que l’UE comprenne que c’est une nouvelle Algérie, avec une nouvelle politique économique à tracer et qui exige des relations équilibrées dans le cadre d’un réel partenariat, non pas une simple relation client-vendeur».
L’expert a estimé que «l’Algérie a fait une erreur», expliquant qu’en allant vers l’UE, elle s’est disqualifiée de l’OMC. L’idéal, selon lui, aurait été de négocier avec l’OMC, l’UE étant partie intégrante de l’Organisation.
Pis encore, le responsable d’Anexal a noté que l’Union européenne proteste a chaque fois que l’Algérie actionne les mesures de sauvegarde. Ce comportement, qu’il a qualifié de «mercantile» de la part de l’Europe n’est, selon lui, «pas à la hauteur des ambitions et des fondements du processus de Barcelone.
Une révision de l’accord s’impose pour qu’il s’inscrive dans l’esprit de Barcelone, celui d’une zone de prospérité partagée».
L’accord parle de co-développement et partenariat, a-t-il indiqué. «Où est le co-développement ? Où est le partenariat ?», s’est interrog» Ali Bey Nasri. Les faits sont parlants, dira-t-il. «Tout ce qui aurait pu être au bénéfice de l’Algérie dans cet accord n’a pas été appliqué. Il est clair que l’on veut confiner l’Algérie à un espace commercial», a-t-il noté.
L’expert a rappelé qu’en 2016, l’Algérie a fait une pause pour évaluer l’accord. «C’est sur la base de cette évaluation que les négociations doivent reprendre», a-t-il supposé. L’Algérie doit également «identifier les filières sur lesquelles elle a la volonté d’aller en co-développement avec des partenaires européens. Des entreprises européennes sont en train de se relocaliser ailleurs, il faut que l’Algérie en bénéficie», a préconisé l’expert.
Louisa

A. R.

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