19.9 C
Alger
jeudi 28 mars 2024

Agressivité

Durant les quarante années où Jean-Marie Le Pen a présidé le Front National, aujourd’hui devenu le Rassemblement National, son parti n’a pas souvent eu l’occasion de participer concrètement à la vie politique de la France, le FN réussissant rarement à obtenir des sièges à l’Assemblée Nationale. Hormis en 1986, où François Mitterrand avait choisi, pour contrer la droite, d’adopter le scrutin proportionnel lors des élections législatives permettant ainsi aux frontistes de remporter 35 sièges, c’est surtout sur les plateaux télés que Jean-Marie Le Pen menait ses combats. Aujourd’hui, avec 89 députés, la percée du RN au Parlement, a ragaillardi le «menhir» qui a toutefois déploré dans Le Journal du dimanche «une certaine absence médiatique des députés RN», les appelant à «réagir» en étant «agressifs à l’égard du pouvoir». «Il y a une certaine absence médiatique du RN. Est-elle volontaire ? Ce n’est pas sûr», a déclaré le cofondateur du FN, âgé de 94 ans. S’agaçant que «lorsqu’on fait référence à la droite, on entend parler en permanence des Républicains, mais jamais du RN», qui dispose pourtant d’un nombre record de 89 députés, Jean-Marie Le Pen a estimé qu’«en politique, il ne suffit pas d’exister, il faut le faire savoir». «Je les trouve silencieux. Ils doivent réagir», a-t-il dit. Interrogé sur la stratégie du RN d’entretenir une «position raisonnable» à l’Assemblée, Jean-Marie Le Pen a demandé aux troupes «d’être agressives à l’égard du pouvoir». Emmanuel Macron «va devoir faire face à une série de difficultés importantes au cours du second quinquennat. Et c’est là qu’une formation d’opposition comme le RN peut apparaître comme une alternative», a-t-il fait valoir, rappelant que «le but de l’action politique, c’est l’exercice du pouvoir». «Les cadres qui ont émergé à l’occasion de ces législatives doivent s’y préparer. Quatre-vingt-neuf députés à l’Assemblée nationale, ce n’est pas encore le pouvoir, mais presque», a-t-il souligné. Alors qu’a commencé la campagne pour la succession de sa fille Marine Le Pen à la tête du parti, Jean-Marie Le Pen a indiqué qu’il ne prendrait pas position entre les deux candidats, l’eurodéputé Jordan Bardella, et le maire de Perpignan Louis Aliot. «Je ne soutiendrai personne. Les adhérents choisiront. Je n’ai pas de préférence», a-t-il insisté. Habitué aux empoignades et à se faire traîner devant les tribunaux, Jean-Marie Le Pen semble avoir du mal à s’identifier à la nouvelle génération de cadres et d’élus RN au comportement et à l’allure très policés tranchant avec ceux de sa génération qui faisait parler du FN grâce à leurs esclandres, dérapages et scandales en tous genres. Reste que c’est peut-être bien là justement la recette du succès des successeurs de Jean-Marie Le Pen, des représentants politiques qui ressemblent à ceux des autres partis et qui évitent de donner le flanc aux critiques et attaques de leurs adversaires politiques et idéologiques.

Article récent

--Pub--spot_img

Articles de la catégorie

- Advertisement -spot_img