Si Téhéran, habituellement pétrit de fierté, au dépend la plupart du temps de l’intérêt de son peuple, a tendu la main il y a quelques jours à l’Occident en appelant à une rouverture des négociations autour de l’Accord sur le nucléaire iranien, le régime islamique ne ralentit pas sa répression des manifestants de septembre dernier et continu à les exécuter sans cérémonie. Pourtant, c’est bien la violence des mollahs au pouvoir vis-à-vis des manifestants en fin d’année dernière qui avait décidé les occidentaux et surtout les américains à stopper les discussions pour une reprise de l’Accord de Viennes. Mais hier, trois citoyens iraniens ont encore été tués par le régime de Téhéran. Condamnés pour leur implication dans la mort de membres des forces de l’ordre lors d’une manifestation à Ispahan, trois hommes ont été exécutés. Majid Kazemi, Saleh Mirhashemi et Saeed Yaghoubi avaient été arrêtés en novembre dernier. Reconnus coupables de moharebeh (« guerre contre Dieu ») et d’avoir été en possession d’une arme lors d’une manifestation dans la ville d’Ispahan, dans le centre de l’Iran, ils avaient été condamnés à mort en janvier. L’autorité judiciaire iranienne a annoncé hier, par l’intermédiaire de son agence d’information, que leur peine avait été mise à exécution. Ces hommes avaient également été reconnus coupables d’être membres de « groupes illégaux ayant l’intention de porter atteinte à la sécurité du pays et de collusion conduisant à des crimes contre la sécurité intérieure », a ajouté l’agence d’information de l’autorité judiciaire Mizan Online. « Selon les preuves et les déclarations des accusés, les tirs (d’armes à feu) de ces trois personnes ont conduit au martyre de trois membres des forces de sécurité », précise l’agence. L’Iran a été le théâtre d’un puissant mouvement de contestation depuis la mort, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, trois jours après son arrestation par la police des mœurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes notamment le port du voile. Des dizaines de milliers d’iraniens avaient alors été arrêtés et torturés par les forces armées du régime, un nombre important de ses prisonniers avaient par la suite été condamnés à mort. L’Iran exécute d’ailleurs plus de condamnés que tout autre pays à l’exception de la Chine, selon Amnesty International. Mais l’attitude des iraniens vis-à-vis de leur population et plus particulièrement de ceux qui refusent l’autoritarisme de leurs dirigeants, est un majeur frein à une reprise des négociations avec l’Occident faisant durer encore la crise économique qui lamine le pays. Reste à voir si Washington acceptera la requête de leurs ennemis depuis près de quarante-cinq ans ou si adoptant la même posture que celle durant le mandat de Donald Trump, les responsables américains continueront à traiter le régime iranien comme un adversaire dangereux avec lequel toute relation pacifique serait imprudente.