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vendredi 29 mars 2024

Abdelghani Bendjebba (président-directeur général de GCB) au Jour d’Algérie : «Nous investissons dans l’Engineering pour être leader dans notre métier»

Une filiale du Groupe Sonatrach, spécialisée dans le génie civil et la construction comme métier de base, en dépit de la double crise résultante de la chute des prix du baril du pétrole et la pandémie, arrive à sortir du lot et enregistre des performances positives. La Société Nationale de Génie civil et bâtiment (GCB) a su s’adapter et surfer sur les conjonctures en maintenant le cap de la croissance. Son PDG, Abdelghani Bendjebba nous explique la prouesse :

Entretien réalisé par Mourad Hadjersi

Le Jour d’Algérie : L’Entreprise nationale GCB se limite-t-elle au génie civil et au bâtiment ou exerce-t-elle dans d’autres créneaux ?
Abdelghani Benjebba : GCB est une entreprise dont les capitaux sont détenus à cent pour cent par le groupe Sonatrach. Crée en 1983, elle active dans les secteurs des travaux publics et le génie industriel et emploie 16000 travailleurs. L’entreprise a connu des moments difficiles dus à la concurrence et au manque de plans de charge. Son développement se confonde et se conforme avec la stratégie du Groupe Sonatrach. Par ailleurs, elle a réussi à se développer dans d’autres secteurs d’activité qui été, à une époque, étaient réalisés par des entreprises étrangères, comme l’engineering, la construction des bases de vie, les projets en EPC (Engineering Procurement Construction), ces derniers étaient pratiquement d’ailleurs l’exclusivité des sociétés étrangères. Aujourd’hui, au niveau des bases de vie, depuis cinq à six ans, la totalité de ce type de projets est réalisée par GCB, avec des délais et des coûts concurrentiels par rapport à ce qui se faisait auparavant. Sonatrach nous a permis d’accéder à ce segment de construction des bases de vie, en EPC, et aujourd’hui, nous avons un actif respectable, la dernière base a été inaugurée au niveau de Hassi Illatou dans la wilaya d’Adrar pour 400 personnes, dans les délais et avec des coûts normatifs.

Ce choix de versification est du à la diminution des plans de charge dans votre métier de base ou cela obéi à une stratégie intrinsèque à l’entreprise dans son expansion ?
Bâtir une stratégie est en équation avec la politique du gouvernement, notre stratégie décline sur la politique de l’Etat. Si l’Etat, comme aujourd’hui, affiche clairement une politique qui exige le développement de l’engineering en Algérie, d’ailleurs on ne veut plus engager des études d’engineering à l’étranger et en devises, sans avoir une autorisation. Donc, nous devons préserver nos devises et l’Etat a diminué nos importations de dix milliards de dollars. A partir de là, nous allons bâtir, nous autant qu’opérateur économique nos stratégies qui s’inscrivent pleinement dans cette démarche globale. Nous achetons des logiciels, recrutons des compétences, nous construisons des infrastructures, globalement, nous mettons l’environnement pour développer nos activités et l’Etat est là pour protéger nos investissements. Le Groupe Sonatrach s’est inscrit totalement dans cette politique du  » contenu local  » qui consiste à produire et fabriquer le matériel incorporable dans la construction des ouvrages appelé communément  » Procurement « . En somme, notre stratégie se résume dans le développement des activités qui s’inscrivent dans la politique économique générale du pays pour diminuer la facture en devises ainsi que le développement de notre industrie et projeter le plein emploi.

Tout le monde parle de crise, comment la GCB a pu enregistrer des résultats positifs notamment pour l’année qui vient de s’écouler ?
GCB s’est inscrite dans la politique globale du pays en adoptant la stratégie pour développer tous les segments de la construction qui est d’ailleurs un vaste domaine, il y a la construction des routes, les terrassements, le bâtiment, il y aussi l’hydraulique, les infrastructures pétrolières, les études.. et c’est ainsi que nous sommes passé de 6000 travailleurs en 2010 à 16000 en 2020, et notre chiffre d’affaires a été multiplié par cinq et j’espère que nous allons continuer dans cet élan. Notre performance est le résultat de cette stratégie de développement de l’entreprise qui nous a permis d’atteindre nos objectifs. Nous avons réalisé des résultats positifs, mieux encore, l’année 2020 a été la meilleure année depuis la création de l’entreprise. Cela est dû à la diversification de nos activités, mais aussi du fait que nous n’avons pas un mono-client, nous ne contentons pas de travailler uniquement avec la société mère qui est Sonatrach mais nous avons plusieurs clients, nous travaillons dans des travaux publics, le secteur des transports, nous réalisons des voies ferrées, des tronçons d’autoroutes, nous participons aux appels d’offres publics, de la Sonatrach ou des partenaires étrangers.

Pensez-vous, dans vos plans futurs, à une éventuelle évolution capable de vous permettre des marchés à l’international ?
Dans ce registre, du moins pour notre secteur d’activités, il ne faut pas se leurrer, on ne peut pas aller à l’international sauf si, et seulement si, on développe de l’engineering. Soyons réalistes, GCB compte actuellement 16000 travailleurs, dont un millier de coffreurs- ferrailleurs, un autre millier, peut être, de maçons, et un autre millier de conducteurs d’engins, ce n’est pas avec ces qualifications que nous allons à l’assaut des marchés extérieurs. Les compagnies étrangères qui viennent chez nous pour construire des infrastructures pétrolières, viennent avec des compétences, du management de projets, avec des logiciels et leur savoir faire, elles ne viennent pas avec des bulldozers, des maçons et des coffreurs. Dans notre stratégie de transformation, l’option est clairement affichée et a été adopté par le Conseil d’Administration et AG ordinaire de la Sonatrach, c’est le développement de l’Engineering et du Procurement, car une grande partie de ce Procurement, nous pouvons le réaliser en Algérie. Nous avons déjà commencé à le faire au niveau de notre structure d’El Harrach qui est spécialisée dans la construction métallique, la charpente, les réservoirs et autres produits du genre. A ce niveau, GCB va fabriquer des prototypes et elle va accompagner, autant que chef de fil, ce processus avec les entreprises qui seront intéressées de se lancer dans ce type de fabrication. Ces dernières sont de petites et moyennes entreprises qui ne nécessitent pas de gros moyens financiers ni de grandes technologies et encore moins un fonciers industriel important. Ces entreprises sont à la portée de nos jeunes ingénieurs qui veulent s’investir dans ce type de partenariat.

L’Entreprise a -t-elle sa propre politique de recrutement ?
Nous recrutons à l’échelle nationale, vous allez trouver dans le fichier recrutement de GCB les 48 wilayas, c’est un recrutement sélectif qui permet de hisser notre société au niveau d’une entreprise EPC et dans ce chapitre, l’Université reste notre plus grand pourvoyeur, nous avons pu reconstruire les ponts entre l’entreprise et l’université notamment celle de Bab Ezzouar et Polyethnique, d’ailleurs pour vous vous illustrer cette passerelle, un groupe de chercheurs de Bab Ezzouar ont saisi le PDG du groupe pour le aider rénover et mettre à niveau leur laboratoire de recherches, qui était dans un état lamentable, nous nous sommes déplacer et nous allons le prendre en charge, à 100% à notre charge pour rendre ce laboratoire à niveau standard international. C’est à travers ce genre d’actions que nous pourrons rebâtir les passerelles entre l’entreprise et l’Université.

Vous évoquez le développement de l’engineering. Quel sont les axes de cette démarche ?
Nous sommes en train de développer deux axes, outre l’engineering  » Oil and Gaz « , nous développons aussi l’engineering des énergies renouvelables et particulièrement l’énergie solaire. Nous avons déjà un certains nombre d’ingénieurs qui travaillent sur des groupes électrogènes en énergie solaire, nous développons aussi à travers le laboratoire de recherches de Bab Ezzouar le traitement des eaux, un domaine que nous connaissons puisque GCB a déjà réalisé des stations d’épuration, mais c’était toujours avec des partenaires étrangers, parce que c’est lui qui amène le process.

Mais tout cela demande des moyens et un environnement adéquat ?
Absolument, cela demande des logiciels, des moyens de calcule et aussi des espaces. Donc, nous avons déposé un dossier au niveau de la Direction de l’Industrie pour acquérir un terrain afin de construire une tour qui va nous permettre de prendre au moins mille ingénieurs. D’ailleurs sans attendre l’acquisition de ce terrain, nous avons déjà loué un espace de 3000 mètres carrés que nous allons occuper le mois prochain (mars) où nous allons développer ces segments d’engineering, le traitement des eaux, l’énergie solaire et le  » Oil and Gaz « , car il y a un manque terrible dans ce domaine. Le bâtiment et les travaux publics, nous les ferrons toujours, mais le marché est bien étoffé, que ce soit dans le public ou le privé, mais dans le  » Oil and Gaz « , par exemple, les créneaux existent mais sont pris par les étrangers. La réduction de la facture en devises est à ce niveau. D’ailleurs les orientations du PDG de la Sonatrach sont claires ; Monter une station de pompage ou de compression devra être dans nos cordes et un jour on arrivera, dans quatre à cinq ans, à monter des ouvrages plus complexes comme les centres de traitement de gaz et des raffineries.

Outre l’Engineering, la réduction des coûts serait-elle alors votre atout le plus convainquant ?
Sur le plan des prix nous sommes performants. Nous voulons acheter, parfois, des références, c’est pour cette raison que nous tirons nos prix vers le bas, en plus c’est la politique du Groupe Sonatrach depuis le début de la pandémie du
covid et la chute des prix du baril du pétrole. La réduction des coûts est la seule chose que nous pourrons faire étant donné que nous ne pourrons pas maitriser le marcher pétrolier. D’ailleurs, c’est la bataille du top-management de la Sonatrach actuellement, et autant que filiale du groupe, c’est à nous de donner un signal fort à l’extérieur en termes de réductions des coûts pour que les autres nous suivent.

M. H.

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