Considéré comme un facteur de développement économique et comme outil de sortie de crise, le gouvernement veut faire évoluer la Culture d’un secteur consommateur, fardeau pour le budget de l’Etat, vers un secteur créateur de richesses et d’emplois.
Par Louisa Ait Ramdane
L’économie culturelle génère d’énormes sommes en termes de revenus et crée des millions d’emplois dans le monde. Raison pour laquelle l’Etat entend accorder un intérêt particulier à ce secteur. Présidant les travaux du Forum de l’économie culturelle, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a mis en avant l’importance d’investir dans ce domaine, en raison de l’impact irréfutable que revêt la sphère culturelle et ses retombées sur l’économie du pays. Il a noté, dans le même contexte, que le secteur culturel occupe une position privilégiée dans l’activité gouvernementale et que les axes les plus importants se résument en l’accompagnement et le soutien à la créativité pour sortir définitivement de la dépendance aux hydrocarbures. Djerad a en outre promis de soutenir les initiatives portées par les jeunes, soulignant également la nécessité de réhabiliter le métier de l’artiste et des acteurs de la culture, de manière générale. «L’Etat est engagé à soutenir et à accompagner l’innovation artistique et à réhabiliter le métier de l’artiste et des travailleurs du domaine de la culture, car l’artiste en tant que ressort de l’acte culturel figure au centre de ses préoccupations», a affirmé Djerad.
Il a souligné, dans ce sens, l’importance d’aller vers des villes de production cinématographique, de renforcer les activités culturelles en milieu scolaire et d’œuvrer à la régulation du marché de l’art et à l’ouverture de chantiers d’appui à la recherche archéologique. Poursuivre le travail pour améliorer la situation de l’artiste et lui assurer la protection sociale et promouvoir le tourisme culturel de manière à soutenir le tourisme domestique et à attirer les touristes étrangers, ont également été préconisés par Djerad. Le Premier ministre a également appelé à organiser et dynamiser le marché du produit culturel, à accompagner les acteurs du champ culturel dans l’adaptation de leurs activités aux défis de l’évolution technologique et de la numérisation, notamment en ce qui à trait au livre numérique et à l’e-commerce qui offrent un important espace pour la commercialisation du produit culturel. Il a cité, dans le même contexte, l’importance à accorder aux réseaux sociaux et aux supports audiovisuels.
Plusieurs réalisations en dépit de la crise sanitaire
Djerad a rappelé certaines mesures prises par le gouvernement en application du programme du président de la République, qui accorde un intérêt majeur au secteur de la culture, citant notamment l’appui aux producteurs cinématographiques et culturels et l’encouragement des compétences nationales dans ce champ. Il a fait état, en outre, du soutien de la création d’infrastructures pour l’industrie cinématographique et du théâtre (studios et salles de spectacles), le renforcement des activités culturelles en milieu scolaire et la garantie d’un climat propice à l’innovation artistique.
Evoquant des réalisations en dépit des circonstances difficiles que traverse le pays, à l’instar de tous les pays du monde en raison de la propagation de la pandémie de coronavirus et de ses retombées sur le secteur de la Culture, il a rappelé le lancement de plateformes de vente de toiles et de livres électroniques en accompagnement des artistes et créateurs dans le cadre de la mise en place des fondements de la régulation du marché de l’art. Dans le même sens, le Premier ministre a mis en avant l’ouverture de chantiers de la recherche archéologique dans les sites qui ont connu de nouvelles découvertes (au nombre de 23) et la prise des mesures urgentes pour la protection des biens culturels découverts ou restaurés, en sus de l’exploitation économique des sites archéologiques et des monuments historiques, telle l’expérience-pilote au niveau de la Citadelle d’Alger. L’accompagnement de l’Etat aux producteurs et associations culturelles, auxquelles une enveloppe de plus de 154 millions de DA a été allouée en 2020, le soutien de la production cinématographique de longs et courts métrages et de films documentaires, la subvention au profit de 75 œuvres de théâtre, de musique et de Beaux-Arts et l’encouragement de 64 associations culturelles, ont également été rappelés par Djerad. Il a cité, dans le même contexte, l’encouragement et l’accompagnement des jeunes créateurs, notamment à la lumière de la consécration de 24 lauréats du Prix du président de la République pour les jeunes créateurs «Ali-Maachi», et le soutien aux projets de création artistique à travers l’encouragement de la publication de plus de 75 projets classés. Par ailleurs, le Premier ministre a évoqué le parachèvement de la loi régissant les relations de travail entre les gestionnaires des théâtres et les artistes, «une grande avancée», a-t-il ajouté, affirmant que le gouvernement a mis en place un programme réaliste et des mécanismes à même d’ériger l’Algérie en pôle de rayonnement culturel et de tourisme spirituel au niveau international. Le renforcement de la production intellectuelle, culturelle et artistique économique au service du développement est un objectif escompté par l’Etat, à travers l’exploitation optimale de l’économie de la culture qui génère des fonds conséquents en termes de recettes et crée des millions de postes d’emploi dans le monde, a-t-il fait observer.
Sortir la culture de l’assistanat et aller vers l’investissement
Pour sa part, la ministre de la Culture, Malika Bendouda, a indiqué que la nouvelle stratégie du ministère de la Culture et des Arts vise à sortir la culture de l’assistanat et aller vers l’investissement en ouvrant la culture et l’art sur l’investissement privé pour mettre en place un marché de l’art qui assure à l’artiste la possibilité de vivre dignement de son art. Elle a tenu à assurer l’accompagnement de ce marché de l’art et de la culture par la mise en place de textes de loi et de l’encadrement nécessaire. Elle a également estimé que ce Forum est aussi une occasion de lever les entraves liées à l’investissement dans ce secteur et à la diffusion du produit culturel grâce à la coopération et à la concertation avec d’autres départements avec le concours du Conseil national économique, social et environnemental. L. A. R.