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vendredi 29 mars 2024

A Vienne l’Iran pose ses conditions

Interrompues on ne sait trop à l’initiative de qui, des Européens ou de l’Iran, les négociations de Vienne sur le programme nucléaire iranien devraient reprendre dès la semaine prochaine, bien que leur dernier round, le septième du nom, n’ait apporté que des déceptions aux Etats-Unis et à leurs alliés. Les premiers, après cinq mois d’interruption, sur initiative de la partie iranienne, n’auront toujours pas été réadmis à la table des négociations. Ils devront se contenter à la reprise prochaine d’intervenir dans les débats par l’entremise des Européens comme ils l’ont fait jusque-là. Il est bien évident qu’aussi longtemps que la délégation américaine ne participe pas directement aux négociations, un accord n’est même pas envisageable. Pour un observateur, c’est là en effet un repère particulièrement fiable. Quand il aurait du mal à se reconnaître, ce qui serait bien naturel s’agissant de quelque chose qui se déroule à huis clos, il n’aurait qu’à se demander si d’après ce qui se raconte dans les coulisses, la délégation américaine a ou non bon espoir d’être invitée à rejoindre bientôt la table des négociations. Dans le premier cas, cela voudra dire que ces négociations avancent, et dans le second, qu’elles font du surplace, ou même qu’elles reculent franchement.

Sur la foi de ce critère, le moins que l’on puisse dire, c’est que les représentants américains non seulement ne se sont pas rapprochés de la table des négociations récemment, mais s’en sont trouvés plus éloignés encore. Notons au passage que le chef de la délégation chinoise, et probablement aussi son homologue russe, est allé de la même note optimiste que d’habitude à l’adresse des journalistes massés devant l’entrée de l’hôtel abritant la rencontre. Pour lui, les échanges ont une fois de plus fait des progrès dans la bonne direction. A condition de ne pas le prendre à la lettre, ce propos du représentant chinois s’explique assez bien, aussi décalé qu’il puisse paraître par rapport à une réalité manifeste pour tout le monde. De son point de vue, en effet, comme d’ailleurs de celui des Russes, une bonne négociation internationale, c’en est une où les Etats-Unis sont dans l’inconfort, ni complètement dedans ni complètement dehors. A la fois dans la négociation et hors d’elle. Et plus éloigné encore du centre, Israël, qui se démène comme un diable pour tout faire capoter, pour qu’on en vienne tout de suite aux hostilités. Lui veut la guerre, il est même le seul à la vouloir. En compagnie des Etats-Unis cependant, qui le défendraient si d’aventure les choses tournaient mal pour lui. Mais comme il est toujours là à en appeler à la guerre, il arrive que les Américains se mettent à tenir un langage pas trop différent du sien. C’est ainsi qu’Antony Blinken a, au terme du 7e round, signalé aux Iraniens que la patience de son pays avait des limites, et qu’il existait une autre option que la négociation. Un propos qui d’ailleurs n’a pas eu l’effet escompté. La réalité, c’est que dans cette affaire c’est l’Iran qui mène la danse. Il a fait des propositions sur lesquelles les débats devraient reprendre, et maintenant il attend la réponse des Etats-Unis. C’est cela qui enrage ces derniers, et davantage encore les Israéliens, qui ont osé parler de chantage nucléaire de la part de l’Iran. Le monde à l’envers, en somme. Dans le cas du refus des Etats-Unis, c’en sera fini de l’accord de Vienne. Voilà pourquoi le plus probable est qu’ils accepteront.

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