Sans surprise, la flambée des prix est au rendez-vous à une semaine de l’Aïd El Adha. A l’approche de cette fête, les commerçants s’en donnent à cœur joie et mettent, comme chaque année et à la même période, leurs affiches au prix fort. Pourtant, aucun signe de pénurie ou de baisse de l’offre n’est à constater.
Par Meriem Benchaouia
Après une courte durée de répit où les prix ont enregistré une certaine stabilité, depuis quelques jours, les consommateurs assistent impuissants à une hausse exagérée et injustifiée des prix de produits de grande consommation. Une situation qui indispose les citoyens, impuissants devant ce diktat imposé par certains commerçants et qui met en évidence les carences de régulation du marché. Parce que cette envolée soudaine ne peut avoir d’autre explication que l’âpreté du gain à laquelle nous ont habitués les vendeurs en pareilles occasions. Si certaines personnes qualifient cette flambée de «normale» à la veille de chaque événement religieux, nombreux sont ceux qui accusent les «vendeurs véreux» qui n’ont en fin de compte qu’un seul souci : le gain rapide et facile. La hausse des prix des produits alimentaires de première nécessité est devenue une situation banale à laquelle s’attendent et se résignent les Algériens. Une simple virée dans les quelques marchés de la capitale nous a permis de confirmer de visu que les prix de certains produits ont pratiquement doublé, en dépit de leur abondance. Ce sont les produits les plus consommés en cet évènement qui ont connu une hausse vertigineuse. À l’instar de la courgette cédée à 120 DA, le navet à 150 DA, la tomate entre 70 et 130 DA selon la variété, le haricot rouge à 350 DA, le haricot vert à 250 DA, le citron entre 500 et 600 DA, la carotte à 120 DA, la laitue entre 160 et 180 DA. Même la pomme de terre a connu une hausse, passant de 60 à 80 DA. Les poivrons sont à 150 DA et l’oignon entre 40 et 50 DA. Pour ce qui est des fruits, les prix ont également augmenté, y compris pour ceux de saison, comme la pastèque affichée à 80 DA et le melon à 100 DA. Deux jours auparavant, les prix ne dépassaient pas les 50 DA pour le premier produit et 70 DA pour le second. La nectarine qui se vendait entre 150 et 170 DA est passée à 200 voire 250 DA. Les prix de la pêche oscillent entre 180 et 220 DA selon la qualité, alors que les prunes s’affichent à 200 DA le kg. C’est du moins ce que nous avons constaté, hier, lors d’une virée au niveau de quelques marchés de la capitale. De Bab el Oued jusqu’à Draria, en passant par Zéralda, c’est la même rengaine. Les petites bourses notamment souffrent le martyre quotidiennement pour espérer faire quelques emplettes. «Nous traversons une période difficile, avec toutes les dépenses durant l’année, la préparation des vacances et maintenant l’Aïd el Adha. Nous devons en plus faire face à une flambée des prix», s’écrie un client. La majorité de la population ne trouve pas d’explication à ce phénomène qui fait son apparition à l’approche de chaque fête, qu’elle soit religieuse ou nationale. «Tel que voulu par nos traditions, à chaque occasion qui se présente nous préparons un festin, et ce, sans trop réfléchir à la dépense qu’il engendre», nous dira un citoyen, lequel se dit habitué à ce genre de «pic» des prix, d’autant que l’Aïd el Adha est proche. Il poursuit : «Cette réalité constitue, malheureusement, une opportunité pour les marchands malhonnêtes qui comptent augmenter, à l’occasion de ces fêtes, leurs chiffres d’affaires». Il est vrai que les pères de famille à moyen et petit revenus se retrouvent, face à cette flambée, incapables de satisfaire les besoins de leur petite famille, notamment les produits de grande consommation. «On n’arrive plus à répondre à nos besoins. Nous sommes lynchés de partout», à déploré, hier, un père de famille au marché Stambouli de Bab El Oued. Marchands de fruits et légumes, détaillants ou grossistes, commerçants, agriculteurs, chacun défend sa position à sa manière, afin de convaincre les citoyens de la justesse des prix. Interrogé sur les causes de cette flambée injustifiée des prix des fruits et légumes, un marchand exerçant à Zéralda a évoqué l’absence de contrôle de la part des pouvoirs publics, que ce soit au niveau des marchés de gros ou de détail. Dans leurs explications sur la hausse des prix, certains marchands mettent en exergue le fait qu’«ils souffrent de l’intervention des spéculateurs et des intermédiaires en les obligeant à acquérir leur marchandise à un prix fixé après entente avec les grossistes». Les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer et affirment ne pas pouvoir joindre les deux bouts et les autorités semblent incapables de réguler le marché des fruits et légumes, laissant le consommateur livré à la seule loi ultralibérale de l’offre et de la demande.
M. B.