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mardi 28 mars 2023

A Tokyo le virus est sur le haut du podium

Les Jeux olympiques 2020 de Tokyo ont finalement commencé, avec un retard d’une année il est vrai, et au grand dam des Japonais, qui n’auraient pas mieux demandé que d’en être déchargés, au moins jusqu’à des jours meilleurs, c’est-à-dire sans pandémie. Mais le CIO n’en a rien voulu savoir, par peur sans doute qu’un anneau de la chaîne venant à sauter, ce soit les quatre autres qui lâchent à leur tour, de sorte qu’il ne reste plus rien de lui. Déjà que les Français, censés prendre la relève des Japonais dans trois ans désormais – pour autant bien sûr que le Covid-19, ce maître des horloges, n’en décide autrement –, à l’évidence ne le prendraient pas mal si on leur annonçait un report. Plus important serait d’ailleurs celui-ci, plus grande serait leur satisfaction. Or même sans pandémie, il y avait eu à chaque fois moins de villes candidates à l’organisation des Jeux. Paris a été choisi pour 2024 faute de concurrents sérieux. Au train où cela va, une capitale africaine pourrait bientôt se proposer de les abriter, et même se les voir attribuer. Les Jeux de Tokyo sont le premier événement de dimension planétaire à être dénaturé par la pandémie. Les pompes pourtant bien réelles de la cérémonie d’ouverture n’ont pas fait oublier que dans le même temps des protestations avaient lieu en dehors du stade, qui dénonçaient leur tenue contre l’avis de la population.

La dénaturation pour fait de Covid, c’est celle-là justement, que le peuple même qui avait semblé heureux d’obtenir l’honneur de les organiser en vienne à manifester sa désapprobation qu’ils ne soient pas annulés, ou du moins reportés pour après la pandémie. Son gouvernement a attendu leur approche pour déclarer l’état d’alerte sanitaire. Les Japonais ont dit à qui voulait les entendre que c’est tout sauf à une fête qu’ils se préparaient. Ils avaient donné leur parole, ils s’y tiennent, voilà tout. Et encore, à la condition qu’aucun cluster n’éclate ici ou là dans le périmètre sous cloche des Jeux. Interdiction est faite de sortir des lieux d’hébergement et des hôtels, qu’il s’agisse des athlètes, de leurs accompagnateurs, ou même des journalistes, qui ne doivent s’approcher d’aucun Japonais. Les compétitions se dérouleront sans public. Une première dans les annales. La seule possibilité qu’il puisse en être de même à Paris, dans trois ans, fera probablement reporter l’échéance. Ce qui, soit dit en passant, ne serait pas pour déplaire aux Français. Les pays se disputaient le privilège de faire tenir les Jeux chez eux, d’une part pour être mis en vedette en même temps qu’eux, en somme par narcissisme, de l’autre pour attirer à profusion les visiteurs et leurs dépenses. Rien de cela n’est possible au temps du Covid. Ceux de Tokyo commencent à peine qu’on se demande déjà s’il est bien raisonnable de maintenir le rendez-vous de Paris. Car, en effet, si lors des premiers mois de l’épidémie, tout le monde était d’accord pour dire qu’elle se dissiperait au bout de quelques mois, en moins d’une année, peut-être même au terme d’une seule saison, ce n’est pas tout à fait ce genre de pronostic qui domine aujourd’hui. Bien qu’elle ne soit encore qu’à la moitié de sa course, 2021 à l’évidence ne sera pas l’année de la libération, bien que les Britanniques aient déjà fêté leur «Freedom Day». On ne table même plus sur 2022 pour en finir avec le satané virus, qui n’a de cesse de muter pour contourner les obstacles dressés devant lui, se comportant comme s’il tenait à la fois de l’onde et de la particule, qu’il était un objet quantique.

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