Comme à l’accoutumée, l’approche des fêtes religieuses rime avec prise d’assaut des bureaux de poste. Files d’attente et foule d’usagers au sein des postes. A la veille de l’Aïd-El Adha, la demande en argent liquide pour les différents achats est plus importante que d’habitude. Hier matin, comme les jours précédents, les différents bureaux de poste que compte la ville d’Alger se sont retrouvés bondés de monde et ce, bien avant l’ouverture des portes. Dépenses conséquentes de la fête obligent, le budget des citoyens a été mis à rude épreuve et les poches se sont très vite retrouvées vides. Dès l’ouverture du bureau de poste, une foule compacte commence à se former au niveau des guichets des comptes courants postaux (CCP) notamment. C’est le cas au niveau du bureau de poste de Meissonnier. «Vous pouvez vous asseoir, il y a des chaises pour cela et tout le monde sera servi», crie une employée d’Algérie Poste. Même constat au centre de paiement de Zéralda, la salle était pleine comme un œuf. Les guichets étaient pris d’assaut par une foule dense. Jeunes et moins jeunes, femmes et enfants, assis sur les chaises encore disponibles ou accroupis, attendent patiemment leur tour. Si certains restent confinés a l’intérieur de la salle, d’autres, préférant échapper au brouhaha, ont retiré leurs tickets et sont restés sur le trottoir attenant a l’entrée de la poste. Ainsi, ils sont obligés de prendre leur mal en patience devant des guichets submergés de monde. Les agents de sécurité tentent tant bien que mal de maîtriser la situation à travers la distribution de jetons, mais peine perdue. Les postiers travaillent sans arrêt afin de satisfaire la demande. Ce qui n’est pas du tout facile. Tout le monde veut ses sous et lorsque la médiocrité récurrente de la connexion et du réseau informatique s’invite, la situation se complique et engendre des tensions. Certains ont fini par quitter les centres des chèques postaux les mains vides, las d’attendre. «Cela fait des heures que j’attends, mais ça n’avance pas du tout», murmure un homme. «C’est inacceptable», nous lance une femme avant d’ajouter : «Je suis là depuis 7 h30 du matin. Je suis venue tôt pour éviter la cohue, mais rien n’y fait, il est 10h et je n’ai pas encore retiré mon argent et là je dois partir». Pour Mohamed, un père de famille accompagné de ses deux enfants, «on n’a pas le choix, il faut s’armer de patience». «Je suis contraint d’attendre encore pour retirer de l’argent afin de subvenir aux besoins de mes enfants en cette fête», a-t-il notifié. Pourtant, une alternative subsiste, le retrait automatique d’argent. Le rush sur le bureau de poste de la part de retraités et salariés a poussé Algérie Poste à se lancer dans la monétique, en distribuant des millions de cartes de retrait. Celles-ci sont cependant peu utilisées. Instauré depuis des années par Algérie Poste, les Algériens n’adoptent toujours pas la carte de paiement magnétique. En effet, plus des deux tiers des clients d’Algérie Poste utilisent toujours le retrait par chèque. Les pouvoirs publics étaient convaincus qu’ils accomplissaient une véritable révolution en lançant les cartes magnétiques CCP à travers Algérie Poste, considérée par les spécialistes comme étant, en fait, la plus grande banque du pays. Les responsables au niveau d’Algérie Poste ont reconnu, à maintes reprises, cet état de fait, allant jusqu’à jongler avec la technologie et trouver le moyen de limiter l’impact de cet échec.
Meriem Benchaouia