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mercredi 29 mars 2023

A Kherson la veillée d’armes se prolonge

Il y a encore peu de temps, la bataille de Kherson semblait imminente, et puisque voilà que des jours puis des semaines sont passés sans qu’elle ait même commencé, du moins au sens d’un embrasement évocateur de Stalingrad.  Car autrement elle se déroule depuis le lancement de la contre-offensive ukrainienne début septembre. Comme les Russes ont pris soin d’évacuer la  population de la ville, la transférant dans un premier temps sur la rive occidentale du Dniepr,  on s’est même demandé pendant quelque temps si l’affrontement allait bien avoir lieu, si les forces Russes n’allaient pas abandonner tout bonnement refuser le combat, pour se replier à leur tour sur l’autre rive du fleuve. A vrai dire, cette  éventualité était peu probable dès le départ, mais comme les médias occidentaux n’arrêtaient pas d’en faire état comme à quelque chose de crédible, et que les Russes se gardaient de les démentir, force était d’attendre que la situation se clarifie d’elle-même. C’est maintenant fait : l’évacuation de la population, comme on s’en doutait,  n’était pas la première étape d’un repli généralisé de la part des Russes, mais d’une certaine façon tout le contraire : la volonté de  tenir Kherson en mettant les chances de son côté, maintenant que les civils sont à l’abri. En réalité, il n’était pas concevable d’abandonner Kherson pour mieux défendre la Crimée. Qui perd la première se condamne à se faire enlever la seconde. Kherson est le réservoir d’eau de la Crimée. C’est la raison pour laquelle les Russes ont tenu à s’en emparer dès les premiers jours de la guerre.  En règle générale, perdre une bataille ou la gagner, ce n’est pas perdre la guerre ou la gagner. Il se peut toutefois qu’il en aille autrement dans le cas présent. Le camp qui perd Kherson risque bien de perdre toute la guerre. S’il n’y avait qu’elle qui soit  en jeu, à la limite les Russes peuvent se permettre de la perdre. Comme c’est le sort de toute la Crimée  qui est en jeu à Kherson, ils n’ont d’autre choix que de tenir cette dernière quoi qu’il en coûte. Ce qui du même coup donne à penser que cette bataille va décider de toute la guerre, dans la mesure bien sûr où celle-ci garde sa configuration actuelle,  qu’elle se poursuit avec les mêmes belligérants directs tout en restant confinée sur le sol ukrainien. La possibilité qu’elle  évolue en quelque chose d’autre n’est en effet pas à exclure. Elle tendrait même à se préciser, compte tenu notamment de l’accusation portée par les Russes contre les Britanniques d’être derrière le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique. Jusque-là Moscou a eu tendance dans cette affaire à mettre en cause les Etats-Unis, en cela d’ailleurs en accord avec le sentiment général, d’autant qu’en finir un jour avec Nord Stream est un des objectifs de ce pays, qu’il  n’a pas toujours entouré d’un secret impénétrable.  Mais que les Russes se montrent disposés à abandonner la piste américaine pour porter leur attention sur les Britanniques  en dit assez sur leur détermination à ne pas laisser le crime impuni. Or une attaque russe sur un objectif britannique est susceptible de transformer la guerre, et d’abord de l’élargir à d’autres belligérants. Les Russes disent détenir des preuves de l’implication des Britanniques, ce qui suggère  qu’à leurs yeux ces derniers n’ont pas agi seuls, que d’autres parties  pourraient leur avoir prêté main forte, dont peut-être finalement les Américains eux-mêmes.

 

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