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jeudi 18 avril 2024

8 mars/Soumia Salhi, militante des droits de la femme : «La réalité des femmes en Algérie est toujours faite de discrimination»

Certes, la femme algérienne a arraché de par ses luttes des acquis considérables, mais beaucoup reste à faire pour la condition féminine en Algérie. Selon la militante des droits des femmes, Soumia Salhi, «il nous faut des textes égalitaires qui respectent la dignité des femmes».

Par Louisa Ait Ramdane

Beaucoup de choses sont faites et beaucoup reste à faire pour la condition féminine en Algérie, a estimé la militante, regrettant que «toutes les Constitutions de l’Algérie indépendante consacrent l’égalité des droits de la femme, mais la réalité des femmes est toujours faite de discrimination». Malgré le fait qu’en Algérie des droits égaux sont reconnus aux femmes dans les textes législatifs en conformité avec l’article 32 de la Constitution, il y a lieu de noter, a-t-elle soutenu, que «l’exception notable des droits de la femme dans la famille qui consacre la pérennité de l’oppression contre la femme reste de mise». Invitée de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio nationale, Soumia Salhi a appuyé que «la famille demeure un espace privé d’accès difficile, que ce soit dans la problématique de la violence ou toute la problématique liée aux droits de la femme dans la famille».
Pour réaliser la conformité des textes à la réalité, elle a suggéré qu’au-delà d’une certaine dialectique entre le texte et le mental, il faut changer la mentalité car l’un ne va pas sans l’autre. Pour l’intervenante, «la promotion des droits de la femme a besoin de lois égalitaires justes et a aussi besoin d’actions». Pour promouvoir ces droits, elle a insisté sur le rôle des médias et le secteur de l’Education pour changer les mentalités. Elle a stigmatisé «cette image réductrice de la femme objet, bonne au ménage et à la cuisine, véhiculée par le manuel scolaire». «Beaucoup reste à faire, à la fois dans le domaine de l’éducation et dans le domaine de la politique publique», a-t-elle déclaré, critiquant la parité que porte le discours politique aujourd’hui appréhendant un effet d’annonce.
«Oui, nous avons besoin de parité dans l’éducation, la santé et certains secteurs économiques, a-t-elle souligné, mais parité n’est pas égalité». «La parité est un outil pour parvenir à l’égalité, tout comme le quota pour arriver à l’égalité», a expliqué Soumia Salhi, également ancienne présidente de la commission des femmes travailleuses de l’Union générale des travailleurs algériens (Ugta). Abondant dans l’explication de ses idées, Mme Salhi a fait remarquer que «si les femmes devancent les hommes dans les carrières, sachant que nous sommes 65 % à l’université, elles restent défavorisées face à l’emploi, y compris le salaire, et face à la promotion professionnelle. Et plus on s’élève dans la hiérarchie professionnelle, moins les femmes sont nombreuses. Dans les instances dirigeantes, elles sont aussi faiblement représentées. Pourquoi ?», s’est-elle interrogée. «Dans les entreprises, tout comme les syndicats ou les partis, on applique ce qu’on appelle le plafond de verre pour cantonner les femmes au niveau intermédiaire», a-t-elle indiqué. Pour la promotion des droits des femmes, elle a appelé à des mesures incitatives et encourageantes. «Les femmes sont en grand nombre handicapées par les charges domestiques et manquent de garanties qui aident à l’emploi, comme le transport scolaire, la cantine scolaire et les crèches. Dans ces conditions, a-t-elle regretté, le choix est très vite fait : la femme choisit sa famille et ses enfants au détriment de sa carrière».

L. A. R.

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