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vendredi 29 mars 2024

Le fait que la guerre continue de faire rage en Ukraine n’a pas empêché qu’un accord, négocié principalement par la Turquie, soit trouvé entre ses belligérants permettant aux 20 millions de tonnes de blé ukrainien retenus dans les ports de la Mer noire d’en sortir vers nombre de destinations à travers le monde. Or s’il y a un accord sur l’acheminement  du blé ukrainien, il y en a nécessairement un sur le blé russe, ce qui suppose la levée d’un certain nombre de sanctions prises par les Occidentaux à l’encontre de la Russie. Ce n’est d’ailleurs pas là la seule ouverture dans la guerre économique, à côté de celle que se livrent Russes et Ukrainiens et qui elle est dévastatrice. Il y a quelques jours, on a vu les Européens engager, de manière très indirecte il est vrai, la Lituanie à ne pas s’en tenir à une interprétation rigoureuse des sanctions contre la Russie, c’est-à-dire de laisser des convois de marchandises russes passer dans Kalinine. De leur côté les Russes ne sont pas en reste qui ont repris leurs livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream,   qui plus est avec les mêmes quantités qu’avant leur arrêt pour travaux de maintenance, faisant mentir du même coup ceux des Européens qui s’étaient attendus à ce qu’elles ne reprennent pas, et qui s’étaient mis à parler de chantage au gaz pratiqué par la Russie à titre de représailles. Autre geste donc, et non des moindres, de détente sur le strict plan économique. La crainte partagée par tous d’une crise alimentaire aux dimensions mondiales, conséquence d’une guerre impliquant deux pays comptant parmi les plus gros exportateurs de produits alimentaires, mais également par suite de sanctions occidentales contre la Russie, a permis de désescalade qui ne dit pas son nom, si pour le moment  sur le terrain militaire rien de similaire n’est à l’ordre du jour. Il faudrait sans doute pour cela que se termine en premier lieu  l’épisode actuel de la guerre caractérisé  par l’entrée en fonction des lance-roquettes de longue portée livrés par les Etats-Unis à l’armée ukrainienne, dont justement il est attendu qu’ils changent le cours de la guerre. S’il faut en croire les responsables militaires américains, c’est précisément ce qui est en train de se produire : les forces russes n’avancent plus, ou très peu, leurs arrières et leurs lignes d’approvisionnement  étant désorganisés par les tirs des Himars, dont les soldats ukrainiens maîtriseraient déjà l’emploi à merveille. Mais comme il est déjà arrivé aux Américains d’annoncer la défaite russe, et ce bien avant que les Russes ne prennent tout Lougansk et n’entrent  plus avant dans Donetsk, il vaut mieux attendre de voir venir, d’autant que l’attente ne sera pas longue. Ou les Himars changent le rapport de forces, ou ils ne le changent pas. Le plus probable d’ailleurs est qu’ils ne le changeront pas. Quand cela deviendra évident pour tout le monde,  qu’il ne sera plus possible de soutenir le contraire, alors l’épisode en cours sera terminé, et des signes de désescalade pourront à leur tour commencer  à se faire jour sur le terrain militaire, ce qui n’est pas encore le cas. La guerre s’étendant sur des années, selon le point de vue américain, ou plutôt selon le dernier point de vue américain, vu qu’il leur est arrivé de penser différemment à ce sujet, n’est possible que si l’Ukraine la gagne au bout du compte. Autrement, c’est l’hypothèse contraire, celle d’une guerre relativement courte, qu’il y a lieu de retenir, la poursuite de celle qui se déroule sous nos yeux.

Mohamed Habili

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