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Alger
dimanche 24 septembre 2023

Dans ses remarques sur la Russie et l’Ukraine, faites mardi à l’adresse de son opinion interne, Joe Biden s’est montré aussi conciliant qu’il était humainement possible à un président américain de l’être vis-à-vis d’une Russie s’estimant, chose incroyable, encore assez forte pour exiger de l’Otan qu’elle s’éloigne de ses frontières desquelles elle s’est beaucoup rapprochée depuis 1997. Et quand il est lui arrivé à un certain point de son
speech de retrouver comme malgré lui quelque accent virulent, notamment pour la mettre en garde sur les conséquences dramatiques pour elle, pour l’Ukraine et pour le monde, de son invasion de sa voisine, il s’est vite rattrapé en disant qu’il ne faut pas se méprendre sur le sens de son propos, qu’il n’a rien de provocateur. Ce n’est pas par hasard, évidemment, s’il a été fait mention ici de l’année 1997, à quoi, pour sa part, le président américain ne s’est d’ailleurs guère référé. C’est une date pourtant essentielle pour comprendre le processus enclenché par la crise actuelle, qui passe aujourd’hui par un moment de désescalade, mais qui pour être dépassée a besoin de bien plus que d’un changement de ton. Lors de son interview avec le chancelier allemand, précédant de peu le discours de Joe Biden, le président russe a rappelé l’importance de cette date, car c’est à la situation sécuritaire qui y prévalait alors qu’il faut revenir de son point de vue.

Car si la Russie a concentré autant de forces à ses frontières avec l’Ukraine, c’est moins pour envahir sa voisine que pour forcer l’Otan à revenir aux positions qui étaient les siennes en 1997. En 1997, ni la Pologne, ni la Hongrie, ni la République tchèque n’étaient encore membres de l’Otan ; elles le deviendront deux années plus tard. Depuis, l’Otan a eu le temps d’y installer des forces, des infrastructures de toutes sortes, dont des systèmes de défense anti-missile, le tout soi-disant à des fins purement défensives mais dans lesquelles la Russie voit une menace pour sa sécurité. Dans les documents que la Russie a transmis en décembre à la fois aux Etats-Unis et à l’Otan, et dont elle attendait des réponses écrites, ce sont toutes les installations représentant un danger pour elle et postérieures à 1997 qu’il était question de démanteler. On sait que ni les Américains ni l’Otan ne lui ont encore donné satisfaction à cet égard. Dans ses dernières remarques sur une crise qui pour lui reste un conflit impliquant deux voisins seulement, l’Ukraine et la Russie, Joe Biden fait valoir qu’il n’existe pas de missiles en Ukraine, et qu’en plus il n’y en aura pas de sitôt. Pour les Russes, c’est comme s’il
disait : mais en revanche, il y en a effectivement ailleurs à l’est de l’Europe, et à tout prendre pas trop loin de vos frontières. Il aurait pu préciser, encore que les Russes en savent sur ce point autant que lui, il s’en trouve en effet quelques-uns dans les pays de l’ancien Pacte de Varsovie, qui en 1997 n’étaient pas encore des membres à part entière de l’Otan. Pour autant, 1997 c’est tellement loin, c’est de histoire ancienne, à laquelle vous aurez beau faire, vous ne réussirez pas à nous ramener. Vous ne voulez tout de même pas remettre sur la table de la négociation quelque chose qui s’est produit il y a maintenant un quart de siècle. Aux yeux de l’histoire avec un grand H, celle qu’on apprend dans les livres, c’est peut-être rien un quart de siècle, mais pour celle qui est en train de se faire, c’est beaucoup, c’est même une éternité. C’est plus de six mandats présidentiels.

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Le 24 Septembre 2023

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