Malgré l’insistance des pays consommateurs pour un geste plus important afin de tempérer la hausse des prix, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés reste ferme sur sa ligne d’un prix du baril haut. En effet, l’Opep + a décidé jeudi de maintenir en décembre la hausse de production de 400.000 barils/j à partir du mois d’août, a annoncé le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab.
Par: Meriem Benchaouia
La part de l’Algérie à la production de pétrole en décembre sera de 962.000 barils/j, soit une hausse de 10.000 barils/j par rapport à novembre, a précisé M. Arkab au terme des travaux en visioconférence de la 34e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) et de la 22e réunion ministérielle des pays de l’Opep+. «Il a été décidé de maintenir en décembre la hausse de production de 400.000 barils/j à la faveur des bons fondamentaux du marché pétrolier enregistrés», a-t-il expliqué. Le ministre s’est félicité du niveau global de conformité qui a permis de stabiliser et d’équilibrer le marché», indiquant qu’un taux de conformité de 115% a été enregistré en septembre. Les vingt-trois ministres réunis par visioconférence ont donc choisi de ne pas s’écarter de leur feuille de route. En réaction, un porte-parole du Conseil américain à la Sécurité nationale (NSC) a affirmé jeudi que les Etats-Unis allaient «examiner la gamme complète d’outils» à leur disposition pour remédier au «déséquilibre entre l’offre et la demande» de pétrole, qui fait monter les prix. «Le moment est venu pour les principaux pays producteurs de stabiliser les prix de l’énergie et de s’assurer que les prix élevés n’entravent pas la reprise économique mondiale actuelle», a-t-il ajouté semblant évoquer une initiative coordonnée des pays consommateurs pour puiser dans des réserves. «Nous avons discuté avec des pays consommateurs d’énergie et nous allons examiner la gamme complète d’outils à notre disposition pour renforcer la résilience et la confiance du public», a conclu le responsable américain. Le marché, très nerveux depuis le début de la semaine, a basculé dans le rouge. À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour le mois de décembre a terminé en baisse de 2,05 dollars ou 2,53% pour revenir à 78,81 dollars, au plus bas depuis presque un mois. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a lâché 1,45 dollar ou 1,76% à 80,54 dollars, revenant aussi à son niveau d’il y a un mois. «Le marché est plein de rumeurs sur une potentielle initiative coordonnée de puiser dans les réserves stratégiques de pétrole afin de combattre la hausse des prix», a résumé John Kilduff, analyste pour la firme de conseil en investissements Again Capital, évoquant les Etats-Unis mais aussi le Japon et les pays de l’OCDE. «La reprise ne devrait pas être fragilisée par un déséquilibre entre l’offre et la demande. L’Opep+ semble ne pas vouloir utiliser sa capacité et son pouvoir (sur l’offre d’or noir) à ce moment crucial de la reprise mondiale», a encore déploré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
La décision de l’Opep+ n’était pas une surprise, les membres de l’alliance ayant distillé plusieurs indices allant dans le sens de cette décision ces derniers jours. «La crise est en quelque sorte contenue mais elle n’est pas encore terminée, nous devons faire attention à ne pas prendre les choses pour acquises», affirmait ainsi fin octobre le ministre saoudien de l’Energie Abdelaziz ben Salmane, chef de file de l’Opep. Le cartel insiste sur les facteurs de risque planant sur la demande afin de justifier le maintien de sa politique prudente, évoquant aussi les nouveaux pics de contaminations au Covid-19 observés en Russie et en Chine. Le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, chargé du pétrole, a d’ailleurs insisté jeudi sur la menace du Covid-19 planant toujours sur la demande de pétrole, lors d’une conférence de presse organisée après le sommet. Cette attitude prudente permet également de ménager une place à l’un de ses membres aujourd’hui exclu du marché, l’Iran, dont les barils pourraient revenir sur le marché à moyen-terme. Plusieurs observateurs ont par ailleurs partagé leurs doutes sur la capacité de certains membres du cartel à pouvoir augmenter davantage leur production, les installations de forage ayant souffert pendant la pandémie de retards d’entretien et de maintenance.
La prochaine réunion de l’Opep+ est programmée le 2 décembre, a annoncé l’Organisation sur son site internet.
M.B