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jeudi 30 mars 2023

Apremière vue, il n’y a pas encore de guerre des Etats-Unis contre l’Iran, ni contre le Hezbollah, encore que ce cas revienne au précédent, ni contre la Chine, ni contre la Russie, ni contre le Liban, ni contre la Syrie. S’agissant du Liban plus particulièrement, l’idée à elle seule en semble invraisemblable, tout à fait hors de propos. Ailleurs dans le monde non plus les Etats-Unis ne sont engagés dans aucun conflit armé, si l’on excepte la guerre contre les organisations terroristes, toujours en cours quant à elle. Sous cette forme elle est même ancienne. Les Etats-Unis ne sont officiellement en guerre ni contre le Venezuela ni contre Cuba ni contre le Nicaragua. Avec le retrait d’Afghanistan, ils disent avoir mis fin non seulement à la plus longue guerre de leur histoire, mais jusqu’au principe de l’intervention militaire à l’étranger. S’il existe un consensus dans ce pays au sein de la classe politique comme dans l’opinion publique, c’est bien celui-là du reste : plus jamais de guerre à l’extérieur, sauf en réponse à une attaque effectuée sur le sol américain mais conçue ailleurs par un ennemi s’incarnant ou non dans un Etat.

Si elle est en revanche planifiée et exécutée aux Etats-Unis, comme cela peut arriver, elle est une affaire purement interne, à ce titre passible d’une riposte non pas par les soins du Pentagone mais par ceux du FBI, du moins le suppose-t-on. Les pays n’ayant pas l’heur de se compter au nombre de leurs amis, et craignant toujours quelque mauvais coup de leur part, auraient des raisons de se féliciter de cette nouvelle disposition chez eux… si toutefois ils pouvaient y croire. Il leur suffit de regarder autour d’eux pour s’apercevoir que les Etats-Unis sont toujours partisans de la guerre, de la guerre au loin, sauf que celle à laquelle ils
s’adonnent pour l’heure sur plusieurs fronts à la fois est d’un autre type que celle à laquelle ils se sont habitués. Les Etats-Unis la mènent en ce moment contre bien des pays, ayant en commun de ne s’être rendus coupables d’aucune violence à leur égard. Ainsi en est-il au premier chef de l’Iran, de la Syrie, du Venezuela et de Cuba, ce dernier la subissant depuis plus longtemps que tous, mais aussi du Liban, chez qui elle prend des formes particulièrement aiguës. Cette guerre, ce sont les sanctions, le blocus, l’embargo, en un mot comme en mille : la guerre économique et financière. Elle tue par centaines et par milliers, sans qu’une seule goutte de sang américain ne soit versée. Les Libanais ont basculé par pans entiers dans la pauvreté extrême, cela du jour au lendemain. Parce que les Etats-Unis et leurs alliés, en premier lieu la France, ont sauté sur leur première difficulté financière venue pour déclarer la guerre nouvelle au Hezbollah, et à l’Iran par la même occasion. Si nulle arme au sens traditionnel n’est en l’occurrence employée, le but recherché n’en est pas moins le désarmement du Hezbollah. Du jour au lendemain, les Libanais se sont trouvés plongés dans une crise économique aussi douloureuse que celle subie par le Venezuela par exemple, ou par l’Iran, ou par la Syrie. A se demander même s’ils ne sont pas dans une situation pire encore, compte tenu à la fois de la modestie de leurs ressources monnayables et de leurs divisions politiques irrémédiables. S’il est un pays incapable de soutenir une guerre économique, c’est bien lui, le Liban. Elle lui est faite pourtant sans état d’âme par les Etats-Unis, et leurs alliés, dont en premier lieu la France, qui dans le même temps se fait passer pour l’ami secourable, avec en ligne de mire rien moins que l’effondrement du Hezbollah, et sans avoir à tirer une seule balle pour cela. Avec un objectif aussi ambitieux, aussi inavoué qu’inavouable, il ne faut pas s’attendre hélas à une levée rapide, ou même seulement à un adoucissement, des sanctions frappant depuis des mois maintenant le Liban. La guerre économique ne le cède en rien pour la sauvagerie à la guerre classique.

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