A la toute fin de cette année, la pandémie de Covid 19 aura bouclé sa deuxième année, et sans qu’il soit possible de se dire en manière de consolation que du moins on en aura bientôt fini avec elle. L’une des particularités de cette crise sanitaire, c’est que plus elle dure, moins on en voit la fin. Il y a lieu de craindre qu’on soit encore moins capable de faire cette prédiction à la fin de 2022, pour peu qu’elle s’étire jusque-là. Cela sans même parler d’une mutation du virus, qui lui permettrait de se jouer des vaccins en circulation, et de se donner un deuxième souffle. Une éventualité si peu improbable que l’OMS a déjà mis sous observation étroite un variant, dit variant Mu, ou variant colombien, qui pourrait être déjà résistant aux vaccins existants. Il serait déjà prédominant dans son pays d’origine, la Colombie, où les contaminations et les décès ont beaucoup augmenté, à ce qu’il semble de son seul fait. Il a été détecté dans une quarantaine de pays, dans les Amériques et en Europe.
C’est sûrement à lui que faisait récemment allusion Abderrahmane Benbouzid, en lançant la campagne de vaccination massive d’une semaine, aujourd’hui à son deuxième jour. A l’échelle mondiale toutefois, sa prévalence reste faible, le variant Delta l’emportant de loin à cet égard. Chez nous, la bonne nouvelle, du reste pas si nouvelle que ça, étant connue depuis fin juillet, c’est que le recul des contaminations ne se dément pas. La mauvaise, c’est que le nombre des décès est resté bloqué à plus de trente par jour, en gros au même niveau que lorsque celui des contaminations quotidiennes atteignait son pic en frisant les 2 000. Hier ce nombre est repassé sous la barre des 400, alors que celui des décès était à 34, les deux semblant désormais déconnectés l’un de l’autre. De sorte que si les contaminations sont en baisse, le taux de mortalité lui en revanche est en hausse. A quoi cela est-il dû ? Serait-ce que le variant largement dominant dans le pays, le Delta, est en train de devenir plus mortel sans être plus transmissible pour autant ? Il emportait une trentaine sur près de deux mille d’infectés. Il en tue toujours autant, mais sur quatre fois moins de contaminés. La campagne de vaccination massive ne s’étant pas fixé d’objectif chiffré, on serait peut-être en peine de savoir ensuite si elle a été une réussite, un échec, ou si elle n’a été ni tout à fait l’une ni tout à fait l’autre. Le nombre des vaccinés est estimé entre 6 et 7 millions. Si la campagne le doublait, nul doute alors qu’elle serait considérée comme un succès. A plus forte raison, si elle le dépassait. Le succès ou l’échec dans ce genre d’opération dépend de la qualité et de la force de la campagne de sensibilisation qui y a préludé. Celle qu’on a pu voir se développer sur les écrans de télévision pendant plusieurs jours était plutôt bien faite. Son slogan «Avec la vaccination je me protège et je te protège» est incontestablement une bonne trouvaille. Et d’abord en ceci qu’il appelle à la fois à l’intérêt personnel et à la solidarité, en même temps à l’égo et au nous, affirmant leur indissociabilité. Il devrait marcher. D’autant que ce n’est pas en Algérie que l’obscurantisme antivax pourrait mordre sur les milieux populaires. Une spécialité du reste purement occidentale. On ne la voit nulle part ailleurs menacer les campagnes de vaccination. En Europe et en Amérique du Nord si, comme en témoigne leur ralentissement.